AN 61 de l’Indépendance du Gabon : allocution prononcée par Alexandre Barro Chambrier (Président du Rassemblement pour la patrie et la modernité),

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 aoû 2021 / 0 commentaire(s)
Barro Chambrier le 16 août 2021 à Libreville.

Gabonaises, Gabonais,

Mes chers compatriotes,

Nous célébrons aujourd’hui la proclamation, il y a 61 ans, de l’indépendance de notre pays par les pères fondateurs de la nation gabonaise. C’est l’occasion de nous souvenir du long et multiforme combat mené par nos devanciers contre le système colonial.

Il nous faut aussi nous souvenir des sacrifices qu’ils ont consentis, dans les conditions particulièrement difficiles de l’époque, contre l’oppression et la domination subies, des siècles durant.

Souvenons-nous de l’engagement pris à cet instant mémorable devant la face du monde, par les dirigeants de l’époque, qui promettaient de faire du Gabon un pays prospère, dans lequel chacun pourra pleinement s’épanouir, s’accomplir et bénéficier d’une répartition équitable des richesses de notre pays.

6 décennies plus tard, malheureusement ces nobles objectifs n’ont pas été atteints. Les faits imposent d’admettre qu’en dépit de quelques réalisations effectuées, notre pays, enregistre encore un énorme retard dans de nombreux domaines, en particulier, depuis 2009, notamment, celui des infrastructures en raison de la mise en œuvre d’une politique aux antipodes de la rationalité économique et sociale, et éloignée des attentes profondes du peuple. Il est de notoriété que notre pays est confronté à un problème de gouvernance, de choix hasardeux, d’inversion de priorités, comme le prouve, par exemple, le pavage du terre-plein du boulevard du bord de mer, à quelques jours de la célébration de la fête nationale. C’est aussi l’illustration de l’absence de planification des investissements, du saupoudrage des projets, de la mauvaise utilisation des ressources financières et humaines, ainsi que du manque de cohérence dans la mise en œuvre des politiques publiques.

Gabonaises, Gabonais,

Mes chers compatriotes,

Notre pays doit retrouver l’esprit de nos prédécesseurs qui nourrissaient des rêves de grandeur pour le Gabon et ses enfants.

Le moment est donc plus que jamais venu pour ceux qui tiennent les rênes du pouvoir de se ressaisir, de mettre un terme aux multiples manipulations de la constitution de rééquilibrer les pouvoirs institutionnels, d’améliorer l’environnement des affaires, de créer des espaces de dialogues sans compromissions car la politique n’est pas une guerre de tranchées ni l’occasion de règlements de comptes.

Nous devons retrouver l’esprit de ceux qui n’ont jamais renoncé face aux pressions, ni capitulé face à l‘adversité et qui ont tout sacrifié pour obtenir la souveraineté, la liberté et obtenir certains droits dont nous bénéficions aujourd’hui ; droits obtenus de haute lutte et qui sont constamment remis en cause par des atteintes intolérables à la liberté syndicale, d’association, d’expression et de manifestation, liberté de circuler librement à l’intérieur du territoire, le refus de l’accès de l’opposition aux médias de l’Etat. Toutes choses destinées à bâillonner le peuple et faire perdurer la dictature.

A cet égard nous devons rendre un hommage mérité à ces hommes et femmes courageux qui animent la presse libre et impartiale.

Il est temps pour l’opposition patriotique et même au-delà, d’unir ses forces pour en finir avec la politique actuelle de régression des conquêtes démocratiques, de l’illusion de la transformation des structures économiques et de remise en cause des acquis sociaux.

C’est le sens du combat que mènent les partisans de l’alternance et du changement qui croient qu’une autre politique est possible. C’est le sens de l’engagement de ceux qui sont convaincus qu’il est possible de gouverner le Gabon autrement et de rompre avec le système politique actuel. Pour cela, nous devons éviter l’écueil de la division et du chacun pour soi. Nous devons nous battre ensemble pour exiger, à quelques encablures d’échéances électorales majeures, une réforme du système électoral qui permette une réelle transparence du processus et des résultats électoraux. Nous devons, en toute lucidité, tirer les leçons des évènements de 2016 et ne pas toujours attendre la dernière minute pour nous organiser.

Pour sa part, le pouvoir a commencé à dérouler son plan qui se matérialise par le débauchage et le ralliement de personnalités issues des rangs de l’opposition. Il est illusoire de croire que ceux qui ont mis le pays dans cet état de régression soient en mesure de réaliser un rassemblement susceptible de corriger les graves déviations actuelles. S’il y a rassemblement il doit se faire autour des forces de l’opposition à même de proposer une nouvelle dynamique fondée sur des réformes adaptées.

Nous ne devons pas cependant jeter l’opprobre sur ces personnalités qui ont fait preuve de courage à certains moments et sont libres d’emprunter les voies qu’elles croient de nature à influencer le cours de l’histoire. Certes on peut comprendre la déception qui s’en est ensuivie. C’est pourquoi, je suis d’avis que ces ralliements devraient nous amener à faire notre propre autocritique, à revoir nos méthodes de travail, nos stratégies ainsi que nos capacités de mobilisation.

Tout le monde n’est cependant pas logé à la même enseigne. Il y a également des personnalités politiques de la société civile qui ne renieront pas leurs convictions.

Nous devons cesser d’avoir des illusions. Plutôt que d’avoir l’œil rivé sur le rétroviseur, nous devons regarder vers l’avant. Le temps nous est compté et nous devons sortir les vieilles rengaines, des jeux politiciens qui ne répondent pas aux aspirations des jeunes générations. Nous devons savoir reconnaître nos limites, être capable de nouer de nouvelles alliances et repartir du bon pied. Nous sommes un certain nombre à avoir pressenti l’impasse actuelle résultant de la présidentielle de 2016. C’est pourquoi nous avons anticipé une réorientation stratégique.

Oui, il est possible d’apporter au peuple gabonais une alternative qui permette une amélioration substantielle de ses conditions d’existence face à un régime à bout de souffle, incapable de se réinventer. Il ne tient qu’à nous de forcer notre destin commun, le destin du Gabon, notre bien le plus cher car, et on ne le dira jamais assez, nous n’avons qu’un seul pays, nous n’avons pas de pays de rechange. Dans ces conditions, j’appelle à plus de détermination, de courage et de hardiesse. Il est vrai que la lutte contre les forces réfractaires au changement n’a jamais été facile nulle part. Elle exige au contraire, non seulement une claire conscience des enjeux du moment et des défis à relever, mais aussi de la résolution, de la patience, et surtout, de l’abnégation ainsi que la capacité de résister aux assauts répétés des chants des sirènes qui n’ont pour unique credo que la fin des voix discordantes.

Gabonaises, Gabonais,

Mes chers compatriotes,

En vous souhaitant une joyeuse fête de l’indépendance, j’ai une pensée pour ceux qui aujourd’hui sont privés de liberté pour leurs idées. Personne ne devrait, en démocratie, être incarcéré pour ses opinions. C’est pourquoi, je demande une fois de plus, la libération des prisonniers politiques à l’instar de Bertrand Zibi Abeghé et de ses compagnons d’infortune.

Mes pensées vont aussi à l’endroit de nos compatriotes qui ont trouvé refuge à l’étranger. Il est injuste que des concitoyens vivent loin de leur terre natale par crainte d’être persécutés. C’est pourquoi, je souhaite une nouvelle fois, le retour au Gabon des exilés politiques qui ne demandent qu’à mettre leurs compétences et leurs idées au service de notre pays.

Vive le Gabon !

Vive la République !

Libreville le 16 août 2021.

 

Article du 17 août 2021 - 9:59am
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