Absence de Gbagbo sur la liste électorale en Côte d’Ivoire : Un renvoi d’ascenseur manqué de Ouattara ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 30 mai 2023 / 0 commentaire(s)
Au nom de la paix, ce problème devrait être solutionné très rapidement.

La semaine dernière, le président de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire, Ibrahim Kuibiert Coulibaly, a remis le fichier électoral aux partis politiques. À la surprise générale, le nom de l’ancien président de la République, Laurent Koudou Gbagbo, est absent sur la liste électorale. Décryptage. 

Ce sont désormais 8 millions d’Ivoiriens qui constituent la liste électorale de leur pays. Des noms des plus marquants se trouvent absents de cette liste, ouvrant ainsi la voie à tous les superlatifs qui qualifient la politique ivoirienne. Le chef historique de l’opposition ivoirienne, président de la République de 2000 à 2011, ne figure pas parmi les électeurs sur la terre d’Eburnie. Selon Ibrahim Kuibiert Coulibaly, président de la Commission électorale indépendante de Côte d’ivoire, le nom de l’ex-patron du parti frontiste est biffé de cette liste électorale, du fait de la justice qui l’a effectué depuis 2011, pendant la période de braises post-électorale. Déchu de ses droits civiques et politiques depuis cette date, il n’a jamais été réhabilité.

À la dernière révision de la liste électorale ivoirienne, la CEI a enregistré 715 000 nouvelles demandes d’inscription et a expurgé 53 000 « fantômes » (décès ou radiés). Le cas emblématique de cet absent relance la polémique sur une CEI dont certains estiment qu’elle doit faire peau neuve. Cet aléa révèle une des faiblesses de la grâce présidentielle, qui est en droit une suppression ou une réduction de sanction pénale accordée par le président de la République, mais n’annule pas l’existence de la condamnation mentionnée dans le casier judiciaire.

Plusieurs voix s’élèvent au sein des GOR, « Gbagbo ou rien » (épithète accolée aux partisans radicaux de Gbagbo), qui estiment que le président Alassane Ouattara n’a guère été reconnaissant à l’endroit de Laurent Gbagbo. Pour cause, en 1995, l’opposant historique à Félix Houphouët Boigny et à Henri Konan Bédié, avait boycotté l’élection présidentielle pour soutenir l’actuel président de la République, dont le nom avait été biffé de la liste électorale. « Aujourd’hui, Alassane Ouattara ne devrait pas oublier qu’il a été soutenu, au plus fort temps de la question de sa nationalité, par Laurent Gbagbo. Celui-ci était allé jusqu’à se mettre du côté de l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët Boigny pour combattre Henri Konan Bédié. Il devrait se souvenir de ce grand geste de l’actuel président du Parti des Peuples Africain-Côte d’Ivoire (PPA-CI) et plaider en sa faveur pour son inscription sur la liste électorale », a réagi un militant du Front populaire ivoirien (FPI, ancien parti de Gbagbo).

Grâce présidentielle, et non pas amnistie

Selon Katinan Koné, porte-parole du PPA-CI, nouvelle formation politique de Laurent Koudou Gbagbo « Toutes les pistes sont sur la table ». Il dit avoir introduit un recours en justice, en rappelant qu’il y a eu une décision de la Cour africaine des Droits de l’Homme qui oblige la Côte d’Ivoire à inscrire le nom du Président Laurent Gbagbo sur la liste électorale. « Nous avons toutes les voies diplomatiques que nous envisageons d’exploiter, soit une option politique ou toute autre voie que la loi permet », a ajouté Katinan Koné. Certains partisans de Laurent Gbagbo n’excluent pas non plus d’en arriver aux manifestations pour faire pression sur les pouvoirs publics.

Lors de la publication de la liste électorale à Abidjan, le président de la CEI, Ibrahim Kuibiert Coulibaly a affirmé que la grâce accordée par le Président Alassane Ouattara en 2021 ne valait pas amnistie, au regard de la loi. Laurent Gbagbo reste déchu de ses droits civiques et politiques, d’où son retrait de la liste électorale. Et d’assurer que la CEI « ne s’acharne pas sur Laurent Gbagbo », mais elle « ne fait qu’exécuter ce que dit la loi. » Alassane Ouattara pensera-t-il à un retour d’ascenseur à Laurent Gbagbo, qui avait pris fait et cause pour lui, contre celui qui était devenu son allié en 2010-2011 pour évincer l’ancien pensionnaire de la prison de La Haye ? Le recours de Katinan Koné pourrait être une solution pour l’ancien homme fort du FPI.

Brandy Mamboundou

Article du 30 mai 2023 - 5:24pm
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