Afrique : Le président Bazoum a raison.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 12 juil 2021 / 0 commentaire(s)
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, a irrité la jeune junte malienne en renvoyant les militaires au front.

La junte militaire au Mali n’a pas apprécié la déclaration du président nigérien, qui a rappelé que la vocation des militaires est d’assurer la sécurité des territoires et des citoyens et non de se vautrer dans le confort douillet des cabinets ministériels. Et pourtant la situation de chaos dans ce pays donne parfaitement raison à Mohamed Bazoum. L’histoire de l’Afrique ne plaide pas non plus en faveur de régimes en treillis.  

L’expérience démocratique réussie des deux mandats du président Alpha Oumar Konaré n’a donc pas suffi pour convaincre les militaires maliens de s’éloigner du pouvoir auquel les avait habitués le général Moussa Traoré. Bien qu’ayant succédé à Konaré à l’issue d’une présidentielle transparente en 2002, le généra Amadou Toumani Touré n’a pas été à la hauteur de diriger un pays. C’est sous son ère que le Mali est devenu le carrefour des transactions mafieuses qui ont fait croire à un autre homme en uniforme, le colonel Sanogo, qu’il pouvait être la solution en 2012. Depuis lors, c’est des armées étrangères, notamment l’armée française dans le cadre de l’opération Barkhane, qui assurent la sécurité d’un territoire menacé d’une invasion de terroristes djihadistes.

Au lieu d’un sursaut d’orgueil qui l’aurait décidé à s’engager au front, le colonel Assimi Goïta a préféré profiter de querelles politiques pour déposer le président Ibrahim Boubacar Keita afin de goûter au confort des lambris dorés des allées du pouvoir. Assoiffé de pouvoir, le trentenaire a mis les autorités civiles de la transition en résidence surveillée pour se retrouver chef de l’Etat.

Le défi qui se présente au colonel Goïta est d’organiser des élections transparentes, dans les délais impartis par la transition, de sorte que le peuple malien, dont c’est la vocation, exerce de nouveau sa souveraineté. Le jeune militaire doit comprendre que le chemin dans lequel il se lance, que d’autres ont emprunté avant lui, est un cul-de-sac.

Hormis les exceptions Mouammar Kadhafi en Lybie, Thomas Sankara au Burkina Faso et Jerry Rawlings au Ghana, aucun militaire ayant pris le pouvoir par coup d’Etat n’a réussi à faire de son pays un paradis sur terre. Moussa Traoré n’y est pas parvenu au Mali. Lansana Konté n’a pas transformé la Guinée. Idris Déby a laissé un Tchad en lambeaux, en proie à des incursions de rébellions armées. François Bozizé n’a pas permis à la Centrafrique de profiter du diamant. La liste n’est pas exhaustive. Même le Nigeria où les militaires se succèdent au pouvoir par la voie des urnes n’est pas un modèle de stabilité.

Alors, la convocation de l’ambassadeur du Niger au ministère malien des Affaires étrangères ne saurait représenter un démenti des réalités africaines. Toutefois, le président Bazoum devrait reconnaître que les civils ont une part de responsabilité dans la propension des militaires à sauter sur le pouvoir. Invariablement, les hommes en treillis évoquent la mauvaise gouvernance des civils.

Il faut sortir de ce cercle vicieux.

Elzo MVOULA

Article du 12 juillet 2021 - 11:21am
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