Ce 13 mai, chrétiens et musulmans se sont donné rendez-vous, sans se rencontrer, pour célébrer des fêtes religieuses. Jour de l’Ascension pour les uns et jour de la fin du mois du ramadan (Aïd el-Fitr) pour les autres, il cache peu les crimes de ceux qui prêchent Jésus et Mahomet…

Le jour de l’Aïd el-Fitr, les musulmans célèbrent la grandeur d’Allah. Non loin de là, les chrétiens glorifient Jésus-Christ qui a vaincu la mort et la putréfaction en montant au ciel avec tout son corps. Un privilège qu’il n’a pas accordé même à ses disciples, malgré l’amour qu’il a manifesté pour eux. Au Gabon, à Libreville notamment, c’est presque une ville morte dédiée à deux fêtes religieuses. Les uns ont été à la mosquée, les autres à l’église. Ces deux fêtes sont si importantes dans la liturgie musulmane et chrétienne que les Etats laïcs décrètent des jours fériés pour permettre aux croyants de vivre leur foi. Quoi de plus normal !

« Lorsque vous tuez, tuez de manière parfaite et si vous égorgez, égorgez de manière parfaite. Que l'un de vous aiguise son couteau et qu'il apaise la bête qu'il égorge », ainsi parle Mahomet, l’envoyé d’Allah. Il ne s’agit pas d’égorger des humains, mais le mouton. Puisque Abraham, auquel Dieu a demandé son fils, Isaac, en sacrifice, égorgea finalement le mouton, un ange ayant substitué la bête à l’enfant. De fait, la L’Aïd el-Fitr, c’est la fête de la fin du mois du ramadan, mais aussi de la charité. Quant aux chrétiens qui voient Jésus monter au ciel de tout son corps, l’Ascension signifie pour eux que les apôtres sont prêts à porter la parole du messie avec une force doublée par le Saint-Esprit qui se diffusera sur eux dix jours plus tard, lors de la Pentecôte.

Les chrétiens apportent un message d’amour, tandis que les musulmans apportent un messager de charité. On s’embrasse donc beaucoup et on mange dans le même plat. Mais au regard de ce qui se passe au Gabon dans les politiques publiques, y a-t-il vraiment amour et charité ? Rien n’est moins sûr. Au Gabon, plus de 80 % de la population est croyante et partagée entre l’islam et le christianisme. Dans la haute administration, jusqu’à la plus petite, sans oublier les acteurs politiques, tout le monde est soit chrétien, soit musulman. Le président de la République, Ali Bongo, est musulman. La présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, est chrétienne. Les deux emportent avec eux toute la ferveur religieuse du pays.

Question : pourquoi, avec autant de gens qui prêchent l’amour et la charité, est-on enclin à détourner l’argent public devant servir à construire routes, hôpitaux et écoles ? Les chrétiens et les musulmans gabonais apprécient mieux égorger l’amour et la charité plutôt que de les partager. Mais il ne faut juger personne ici bas, Dieu le fera en temps opportun. En attendant, mangeons le mouton et regardons Jésus monter au ciel !

Brandy MAMBOUNDOU