Angola : Disparition de José Eduardo dos Santos ou la fin brutale d’un clan qui s’est cru éternel
Le décès, à 79 ans, de José Eduardo dos Santos, a été annoncé par son successeur, Joao Lourenço le 8 juillet dernier à Luanda. Une ère qui se referme avec la mort de celui qui avait été surnommé « Zedu » par ses compatriotes et qui a gouverné l’Angola d’une main de fer pendant 38 ans.
Le successeur d’Agostinho Neto s’est éteint dans une clinique de Barcelone, où il avait été hospitalisé depuis ses difficultés cardiaques en juin dernier. « L’exécutif angolais s’incline avec respect et considération, devant la mémoire de José Eduardo dos Santos, qui a présidé, pendant de longues années avec clarté et humanisme, au destin de la nation angolaise, à des moments critiques de son histoire », a annoncé un communiqué du gouvernement angolais.
Dans la famille de l’ex-dirigeant, le placement de l’ancien chef de l’État en soins intensifs, à Barcelone en Espagne, révélé par la presse angolaise et espagnole, a mis à jour des tensions au sein de la famille.
En effet, après son décès, le 8 juillet, une de ses filles, Tchizé dos Santos, a même annoncé qu’elle souhaite que le corps de son père soit soumis à une autopsie. Elle aurait porté plainte, début juillet à Barcelone, et a demandé qu’une enquête soit ouverte pour « tentative d’homicide présumée, non-assistance à personne en danger et lésions entraînées par une négligence grave ». Selon des proches de Tchisé dos Santos, l’épouse de l’ex-chef d’État, Ana Paula et le médecin personnel de José Eduardo dos Santos, serait montrée du doigt. Ils seraient accusés d’être à l’origine de la détérioration de son état de santé.
L’épouse et le médecin soupçonnés d’homicide
La disparition de José Eduardo dos Santos à Barcelone n’a pas manqué de susciter des souvenirs de triste mémoire à Libreville. En effet, c’est dans cette même ville d’Espagne que le président Omar Bongo Ondimba a perdu la vie…le 8 juin 2009. Si l’ancien président gabonais a connu des obsèques apaisées, à cause de la subite consternation de la nation gabonaise tout entière, et notamment une famille affligée qui avait préféré accompagner dignement son patriarche à sa dernière demeure, la fille de Dos Santos ne l’entendrait guère de cette oreille. La descendance de l’ex-chef d’État soupçonnerait son médecin personnel et son épouse d’homicide sur la personne de leur père.
Il faut rappeler que José Eduardo Dos Santos a dirigé l’Angola depuis le décès de son mentor et chef de l’État Agostinho Neto en 1979, jusqu’à sa démission en 2018, soit un peu plus de 38 ans à la tête de ce pays pétrolier. La famille de l’ex-président aurait beaucoup profité de la manne pétrolière, qui a fait de sa fille ainée Isabel dos Santos, bombardée à la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, la première milliardaire du pays et comptée parmi les premières fortunes africaines. Elle est aujourd’hui traquée par la justice et fait face à une kyrielle d’enquêtes pour corruption. Le fils ainé de l’ex-président, Filomeno, est aussi dans la ligne de mire de la justice angolaise. En prison depuis 2019, il est poursuivi pour corruption active.
Les Bongo Ondimba dans la tourmente
Le décès de l’ex président vient à nouveau rappeler les effets néfastes des longs règnes africains. Il est désormais établi que les pouvoirs qui s’étirent pendant des dizaines d’années n’ont guère fait le bonheur des pays sur lesquels ils règnent. Bien au contraire, les exemples sont légion que la durée n’a jamais été synonyme de compétence, de ressort de développement ou de patriotisme. Surtout lorsque la santé du dirigeant n’est pas au beau fixe, les familles ont toujours été un véritable obstacle pour la bonne conduite des affaires de l’État. Cela a été le cas au Zaïre de Mobutu Sésé Séko, ou encore dans l’Angola de José Eduardo dos Santos. Aujourd’hui au Gabon, selon une publication de notre confrère Echos du Nord confidentiel paru le vendredi dernier, la famille Bongo Ondimba serait dans la tourmente, ce qui se ressent cruellement sur les affaires de la nation. La fin d’un clan ferait toujours l’objet d’une obstination néfaste au pouvoir.
Brandy Mamboundou
Nombre de Commentaires (0)
Faites un commentaire !