Au lendemain du « One forest summit » / Marc Ona Essangui : « Lee White a fait des crédits carbone une nouvelle opération pour bluffer le président sur sa capacité à mobiliser les fonds »
Alors qu’il avait « vendu » à Ali Bongo Ondimba la ruée des touristes vers la destination Gabon, l’actuel ministre des Eaux et Forêts vient de faire du « One forest summit » un honteux flop. Ses fameux « crédits carbone » ressemblant au monstre du loch Ness. Pis, il conduit de manière exclusive ce département et les problématiques environnementales. Conséquence, tout va à vau-l’eau. Le fondateur de l'ONG environnementale Brainforest et président d'Environnement Gabon, s’en lave les mains et renvoie toute la responsabilité de ce capharnaüm à ceux qui ont promu Lee White au gouvernement. Lecture.
Gabonclic.info. Allons-y tout droit au but. Au lendemain du déroulement au Gabon du One forest summit, entre honte et fierté, de quel côté penchez-vous ?
Marc Ona Essangui : entre honte et fierté, je suis surtout déçu de savoir que malgré les sonnettes d’alarme que les experts locaux en matière de gestion durable des forêts ne font que tirer sur la gestion opaque de la chose forestière et climatique du ministre actuel des Eaux et Forêts, les pouvoirs publics n’ont pas encore compris que ce débat est d’abord inclusif et non celui d’une seule personne et d’une seule entité. Les conséquences sont perceptibles. Les effets d’annonces et la simple communication ne font pas la politique forestière.
De l'avis de tous les experts, la trouvaille de Lee white serait du pipeau. Êtes-vous de cet avis ?
Lee White a fait des crédits carbone une nouvelle opération pour bluffer le président sur sa capacité à mobiliser les fonds. A la création des parcs, il a vendu le projet de faire venir plus d’un million de touristes par an et des milliers de milliards de francs. Si vingt ans après, on venait à demander le bilan de ces promesses, c’est du pipeau. Voyant l’échec, il a sorti un autre lièvre, les crédits carbone, avec une approche solitaire, sans pour autant faire certifier ces crédits, calculés dans des conditions opaques, par des organismes indépendants. Le fait que la CNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ndlr) ait certifié les crédits carbone du Gabon n’en fait pas une garantie universelle. Conséquence de cette logique solitaire et non inclusive, c’est la débâcle vécue en direct à l’issue du One Forest Summit au cours duquel personne ne s’intéresse aux crédits carbone du Gabon.
Avec la fin de ce conclave et l'absence des retombées positives pour le Gabon, l'escroquerie intellectuelle de Lee white est-elle mise à nue ?
Ce n’est pas à moi de juger Lee White sur sa gouvernance, mais à ceux qui l’ont positionné à ce poste. J’ai personnellement attiré l’attention sur les méthodes de ce personnage, mais nous sommes pris pour des jaloux. Or, être jaloux, c’est convoiter un poste. Je ne suis intéressé par aucun poste tenu par Lee White. Je suis citoyen et Prix Goldman de l’environnement, je suis une voix autorisée auprès des instances internationales en matière d’environnement et des questions climatiques, n’en déplaise à ceux qui pensent le contraire. Aujourd’hui, les faits me donnent raison. A mon avis, ce ministère des Eaux et Forêts est au sol. Pour s’en sortir, il faut absolument organiser les états généraux des eaux et forêts. Sinon, c’est l’économie forestière qui s’écroule. Trop de corruption et d’illégalité ruinent cette maison.
Une image qui a suscité beaucoup de commentaires : la forêt gabonaise présentée à Emmanuel Macron par Lee White. Qu’en pensez-vous ?
Pourquoi cette image choque ? Lee White est ministre des Eaux et Forêts du Gabon, c’est un compatriote qui a fait ses preuves et qui continue à le faire. Je suis déçu par la connotation autour de cette image. Les Africains ne peuvent pas dénoncer certains actes posés à leur encontre à travers le monde, du fait d’un racisme ambiant et encourager ce type d’interprétation. Je suis attaché à certaines valeurs. Et je n’encourage pas certaines prises de position et commentaires sur cette image. Un membre du gouvernement a le droit d’accompagner un président de la République, même en forêt.
Au ministère des Eaux et Forêts, bon nombre de Gabonais dénoncent une gestion opaque de ce département ministériel. Un audit ne serait-il pas le bienvenu pour rétablir la vérité ?
Ce ministère a besoin des états généraux pour mettre de l’ordre et autour de la table tous les acteurs intervenant dans ce secteur.
Interview réalisée par Vichanie Mamboundou
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