Au lendemain de l’organisation de l’élection du successeur de Lubin Ntoutoume à la tête de l’Ordre des avocats, des voix discordantes se font entendre. La victoire de Me Raymond Obame Sima, nouveau bâtonnier, serait contestée en raison de son ancienneté dans la profession. Il ne peut représenter les avocats devant la Cour de Cassation ni devant la Cour constitutionnelle.  

Vendredi dernier, les hommes en robes avaient rendez-vous avec eux-mêmes. Entre eux qui volent l’argent de leurs clients, ceux qui usent du trafic d’influence pour se cacher de leurs turpitudes, ceux qui se tuent à la tâche pour mériter leurs pécules… tous là ou presque étaient là. Pour le choix du nouveau bâtonnier, aucun avocat ne voulait manquer cette assemblée générale élective organisée dans les locaux de la maison éponyme située derrière le palais de justice de Libreville.

Trois candidats étaient en lice : Maîtres Raymond Obame Sima, Sandra Omanda Chambrier et Bertrand Homa Moussavou. Ce dernier, contrairement aux deux autres, est le président en exercice de la Commission nationale des droits de l'Homme où il est notoirement absent, se laissant suppléer par SOS Prisonniers qui fait un travail remarquable. Mais bon, passons ! 

Au terme de ce scrutin, les postulants obtiendront tour à tour 68 voix (Me Raymond Obame Sima), 45 voix (Me Sandra Omanda Chambrier) et 10 voix (Me Bertrand Homa Moussavou). Naturellement, après deux mandats successifs marqués par plusieurs turbulences, Me Lubin Ntoutoume, le désormais ancien bâtonnier, ne pouvait, entre autres, que souhaiter bon vent à cette jeune équipe.  

Alors que les participants croyaient que les choses en resteraient là, selon nos informations, l’ancienneté de Me Raymond Obame Sima poserait problème. En effet, l’article 64 du Règlement de Procédure sur la Cour constitutionnelle dispose : « les parties peuvent se faire représenter ou assister par un Conseil de leur choix pris parmi les avocats inscrits au grand tableau, justifiant d’une ancienneté d’au moins quinze ans… ». Me Raymond Obame Sima ne remplit pas ce critère. 

Dans tous les cas, comme les années antérieures, de fortes secousses sont en vue au sein du Barreau du Gabon et le risque de deux barreaux avec deux bâtonniers se profile… sous les robes noires.   

Elzo Mvoula