La France ne serait pas prête à perdre son influence sur un des territoires de son ancien empire d’Afrique de l’Ouest. Même si les relations diplomatiques et militaires entre Paris et son ex-protégé, le Mali, sont très tendues depuis près d’un an, l’ancienne puissance coloniale n’est pas disposée à se faire coiffer par une autre puissance dans ses anciennes colonies.

Depuis la déclaration, devenue célèbre, du Premier ministre malien Choquel Kokalla Maïga, sur la tribune de l’ONU : « La France a abandonné le Mali en plein vol », rien ne va plus entre les deux pays. Ce 13 juin, la Minusma (la force onusienne au Mali) présentera son dernier rapport trimestriel sur la stratégie sécuritaire et politique au Mali, mais déjà elle tire la sonnette d’alarme. Sur place, au Mali, au ministère de la Défense et des Anciens combattants, les tractations sont en cours sur les modalités de ce renouvellement.

Au Conseil de sécurité, les débats du renouvellement vont commencer ce mois de juin, à New-York. Au même moment la Minusma qui présentera son dernier rapport trimestriel pointe du doigt les autorités de transition. Elle l’accuse d’entrave sur plusieurs enquêtes que la Minusma a voulu mener, notamment à Mourra. Selon ce rapport, l’État malien ne contrôlerait que 15% de son territoire du nord et 21% au centre.

Le bras de fer entre les pays occidentaux et la Russie se poursuit au siège des Nations unies, à New York. Les services diplomatiques de la Russie, menés par l’ambassadeur Vassili Nebenzia, et ceux de la France, dirigés par Nicolas de Rivière, sont focalisés sur la date du 13 juin. C’est donc en ce lundi que le Conseil de sécurité doit décider s’il renouvelle ou non, et dans quelles conditions, le mandat de la Minusma.

Ramener la France sur la scène africaine

Selon des sources diplomatiques, les représentants de Paris s’activent déjà depuis plusieurs semaines afin de convaincre les autres membres du Conseil d’accorder un nouveau mandat à la mission de l’ONU au Mali, voire, si possible, de renforcer ses prérogatives en matière de droits humains. La France souhaite proposer une résolution en ce sens. Elle a déjà engrangé les soutiens des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Irlande et de la Norvège. En revanche, ceux de la Chine, de la Tunisie, de l’Inde, du Kenya, du Gabon et bien évidemment de la Russie ne sont pas acquis.

Ainsi donc, la France tient absolument à maintenir son contrôle, directement ou indirectement sur l’ancien Soudan français, en dépit des revers diplomatiques et militaires de ces derniers temps. La nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en diplomate chevronnée, pourrait certainement ramener la France sur la scène africaine, où son image est assez écornée.

Kayla Djeneba (de notre correspondant au Mali)