Côte d’Ivoire : Le président Ouattara devrait raisonner les faucons.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 13 juil 2021 / 0 commentaire(s)
Le chef de l'Etat ivoirien a intérêt à sortir de sa réserve pour encourager les initiatives en faveur de la réconciliation nationale.

L’alliance, prévisible, scellée le week-end dernier entre les anciens présidents Laurent Gbagbo (LG) et Henri Konan Bédier (HKB) a provoqué une brusque montée d’adrénaline chez les lieutenants du président Ouattara. Une attitude qui contraste avec le flegme dont fait preuve le chef de l’Etat, lequel devrait prévenir la surenchère verbale et la résurgence des démons de la division. L’heure doit être à la réconciliation nationale, pour le bien de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens.

Le secrétaire exécutif du RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix), Adama Bictogo, connu pour être un faucon au sein du parti présidentiel, s’offusque du fait que LG condamne le troisième mandat du président Ouattara. Quoi de plus normal ? Le sujet avait donné lieu à de vifs débats et poussé des opposants comme HKB à boycotter la dernière présidentielle. Absent du pays à l’époque, Gbagbo se rattrape en quelque sorte. Il n’y a pas lieu, pour Bictogo, d’en appeler au « respect de la fonction présidentielle », l’ancien président n’ayant pas tenu de propos injurieux à l’endroit du président Ouattara.

Le plus grave, c’est le rejet par le secrétaire exécutif du RHDP de l’offre de réconciliation nationale des anciens présidents LG et HKB. Adama Bictogo y oppose l’argument spécieux selon lequel « les institutions fonctionnent ». Comment peut-il faire l’autruche dans un pays où les événements postélectoraux de 2011 continuent de diviser les citoyens dix ans plus tard ? L’existence des institutions constitutionnelles n’est pas toujours synonyme de paix des cœurs.

Le secrétaire exécutif du RHDP est le mieux placé pour savoir que, alliés aux présidentielles de 2010 et 2015, HKB et Alassane Dramane Ouattara sont aujourd’hui des adversaires qui se regardent en chiens de faïence. C’est ce qui explique l’absence du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), la formation de HKB, de la coalition présidentielle. Ainsi s’explique également le rapprochement entre HKB et LG, autrefois farouches adversaires.

La sortie d’Adama Bictogo a-t-elle reçu l’approbation du président Ouattara ? Dans tous les cas, elle est aux antipodes de la disposition à la réconciliation dont le chef de l’Etat fait montre avant même le retour de son prédécesseur en Côte d’Ivoire, le 17 juin. Depuis le retour de LG, le président Ouattara n’a pas organisé le moindre événement public susceptible de perturber l’agenda de son prédécesseur ou de brouiller sa communication. Tout en sachant que LG se rendait à Daoukro aux fins de conclure une alliance à son détriment avec HKB, il ne l’en n’a pas empêché. Ni de s’envoler pour la République démocratique du Congo, où Laurent Gbagbo a paradé en star africaine à la Nelson Mandela.

Il revient au président Ouattara, dont le troisième mandat, bien que controversé, est désormais un acquis, de faire comprendre aux faucons de son camp que la Côte d’Ivoire doit être pacifiée, afin de reprendre toute sa place sur la scène de l’Afrique de l’Ouest. Un rôle que savait jouer le très consensuel Hamed Bakayoko, qui avait compris que vivre en paix avec les autres est la marque des grands hommes.

Elzo MVOULA

 

Article du 13 juillet 2021 - 11:16am
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