Unique aéroport où s’effectuent les vols internationaux réguliers au Gabon, l’aéroport de Libreville est le théâtre d’une agitation particulière depuis le 15 juin, date de l’entrée en vigueur d’une série de mesures auxquelles doivent se soumettre les passagers des vols internationaux à destination du Gabon, en vue de freiner la propagation de la Covid 19. Ce 17 juin, le ministre des Transports, Brice Paillat, et son collègue du Tourisme, Pascal Houangni Ambourouré, sont allés s’assurer de l’application des mesures en question, non sans essuyer les récriminations des voyageurs, qui redoutent « une arnaque ».

Pour les passagers du vol Air France qui a atterri au petit matin, même munis d’un test PCR négatif de moins de 48 heures fait à l’aéroport parisien de Roissy, il fallait obligatoirement faire le test de l’aéroport Léon Mba. Si au moins il était gratuit. Mais il faut casquer 20 000 FCFA.

Si les résultats étaient immédiats, comme dans plusieurs aéroports internationaux, la pilule passerait. Les résultats sont plutôt connus un jour plus tard. En attendant, tout passager d’un vol international doit observer une quarantaine de 24 heures dans un hôtel. Et à ses frais. Il est d’ailleurs tenu de faire une réservation d’hôtel sur une plateforme conçue par le gouvernement gabonais.

Les voyageurs qui ont une résidence ou de la famille à Libreville estiment que « le gouvernement exagère ». Il a fallu un déploiement de policiers pour contraindre certains compatriotes à embarquer dans les bus qui assurent la navette entre les hôtels et l’aéroport. Les voyageurs se disent frappés au portefeuille là où « les pouvoirs publics fuient leurs responsabilités ».

Selon certaines indiscrétions, le ministre du Tourisme chercherait, par l’obligation d’observer une quarantaine dans un hôtel, à relancer un secteur en grande difficulté à cause de la pandémie du coronavirus. Pascal Houangni Ambourouré a-t-il songé au revers de la médaille ? A y regarder de près, une telle pression sur le portefeuille des voyageurs est susceptible de décourager les gens à venir au Gabon. Ce qui causerait un manque à gagner pour les compagnies aériennes et, en conséquence, une diminution des taxes perçues par le Trésor public dans le transport aérien. Les taxes aéroportuaires au Gabon sont jugées faramineuses.

Ailleurs, la pandémie de la Covid 19 a aussi porté un grand coup au secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Mais les opérateurs économiques et les pouvoirs publics se montrent plus imaginatifs pour attirer de nouveau les touristes.

Sur quelle base les hôtels ont-ils été retenus pour constituer la plateforme ? Certains voyageurs craignent une connivence entre le ministère du Tourisme et les promoteurs des structures hôtelières. Les recettes des tests seront-elles déclarées au Trésor public ?

Manifestement, les mesures concernant les passagers des vols internationaux posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Et si le gouvernement revoyait sa copie ?

  Dess BOMBE                                                                                                                               17/06/2021