Droits de l’homme au Gabon : Le B2 et la PJ en marge de la loi ?
L’Etat de droit que le Gabon est censé être devenu sous Ali Bongo Ondimba, se heurte sûrement encore aux résistances ou à la sous-information de certaines structures de sécurité. Même quand le pourchassé plaide pour leur cause.
L’arrestation de l’activiste Nephtali Nalick, en fin de semaine dernière à son domicile par des agents de la Police Judiciaire, interroge à nouveau sur le respect, par le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, des droits de l’homme dans ce pays.
Policiers et gendarmes ont bien la responsabilité de priver momentanément de liberté, des citoyens soupçonnés ou convaincus de violation de la loi. L’exercice de cette prérogative doit se faire néanmoins dans le strict respect des normes juridiques prescrites et garanties par la Loi fondamentale.
Des agents ne peuvent tout de même pas continuer à se lever comme çà, un beau matin, pour aller manifestement violer les domiciles des citoyens et les enlever sans mandats préalables des Procureurs de la République. La liberté de convoquer en comparution libre leur est pourtant concédée sauf flagrant délit…
Des agents du B2, contraignant par la force, des syndicalistes de Sogatra à les suivre à partir d’un bus, avaient indigné hier par un tel comportement, certainement encouragé par leur hiérarchie.
Des policiers de la PJ, concernés au premier chef par l’amélioration de l’habitat et du cadre de vie que l’activiste encourageait à travers ses publications, ont étonné par cette espèce d’autoflagellation. Car, parmi les bâtiments insalubres et hors du temps que le gouvernement avait promis de rafraîchir au titre d’un programme de réfection annoncé tambours battants par l’ancien Directeur général du Budget et des finances publiques Jean-Fidèle Otandault en 2015, figuraient bien ceux occupés par les Policiers au quartier Akémidjogoni.
Peut-être que le site, dans cet état de délabrement avancé fait leurs affaires. Ou bien les agents de l’ordre ont-ils estimés que ça ferait désordre que des civils, activistes ou journalistes soient-ils, commencent à s’occuper des problèmes qu’ils sont suffisamment bien armés pour résoudre en temps voulu ? La remise en liberté, relativement rapide du… délinquant, ne permet pas de répondre clairement à la question. C’est trop tard, le mal est déjà fait !
Comme on le voit, si le Gabon était doté des institutions fortes, au lieu d’avoir des hommes forts, il se serait développé. Il suffit, en l’espèce, d’observer les trains de vie exubérants de Lambert Noël Matha et de Moussa Adamou pour se convaincre que « quelque chose » ne va pas « quelque part ». Dès lors, on pourrait légitimement se demander si la paupérisation galopante dans les casernes et autres camps de police ne serait pas la conséquence directe du détournement par ces ministres des budgets alloués pour la réfection de ces lieux.
Dans un vrai pays, pas une République bananière comme le Gabon, les révélations de l’activiste Nephtali Nalick devraient pousser à lancer une enquête sur l’utilisation des fonds dans ces départements ministériels. Mais bon !
Nicolas Ndong Essono
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