Eclairage L’agence Moody’s abaisse la notation de la dette souveraine du Gabon : causes, conséquences et solutions.

Par Nicolas NDONG ESSONO / 28 mai 2021 / 0 commentaire(s)
Willy Ontsia

Par Willy Ontsia*

Les agences de rating internationales (en anglais CRA, Credit Rating Agency), telles que Standard & poor’s, Moody’s, Morgan and Standley, FichRating, sont des entreprises privées dont le rôle consiste à diffuser l’information financière pour les besoins du marché des capitaux et des investisseurs.

L’activité principale de ces agences de notation consiste à évaluer la capacité des émetteurs de dette (entreprises, États, collectivités locales) à faire face à leurs engagements financiers.

Donc, les agences de notation ont pour mission d’évaluer le risque « crédit », autrement dit la solvabilité d’un emprunteur (Etat, entreprise, banque, etc.) en lui attribuant une « note », qui matérialise sa capacité à rembourser ou non un emprunt.

La « notation » affectée par une agence à un emprunteur (agents en besoin de capitaux) permet aux investisseurs (apporteurs de capitaux) d’évaluer le « risque de défaut » et déterminer le niveau de « taux d’intérêt » appliqué à cet emprunteur.

Pour des raisons pratiques, le résumé des notations attribuées par ces agences est exprimé en lettre, allant de AAA à C. Plus la note sera élevée (AAA, peu risqué), plus l’Etat en question trouvera des fonds bon marché à des taux d’intérêt faibles, et inversement pour une note de C (très risqué).

L’une des activités majeures de ces agences de notation consiste à évaluer les dettes souveraines des Etats qui englobent l'ensemble des déficits cumulés de l'Etat, auxquels on ajoute l'ensemble des dettes contractées par les institutions qui en dépendent (collectivités locales, établissements publics...). La dette souveraine a pour fonction première d’aider l’État à se financer, mais aussi de servir de réserve de valeur.
Le financement de la dette est principalement assuré par le recours à des titres de créances émis par l'Etat sur le marché financier (Bons de trésor, obligation assimilable du trésor, etc.).

Parmi les critères retenus pour estimer le risque financier d’un émetteur de titres représentatif d’une dette (Etat, entreprise, banque, etc.) figurent l’environnement des affaires, la stabilité politique, la rentabilité financière globale, la rentabilité des capitaux investis, le niveau d’endettement, la flexibilité financière et la liquidité. Plus récemment interviennent des critères non quantitatifs comme la gouvernance, la responsabilité sociale de l’entreprise ou sa stratégie.

Récemment, l’agence Moody’s a passé en revue la notation de l’Etat gabonais pour l’abaisser à rang « Caa1 », celle d’une dette spéculative très risquée en raison, notamment, d’une mauvaise gestion budgétaire et des tensions de liquidités induites par la pandémie du Covid-19 et la crise économique due à la baisse du prix du baril de pétrole.

In extenso, la dégradation de la note de la dette souveraine du pays signifie que lors de ses prochaines opérations d’emprunt sur le marché financier international, le Gabon devra supporter un taux d’intérêt plus élevé qu’auparavant, ce qui aura pour conséquence de renchérir le coût et le poids de sa dette extérieure.

Pour améliorer son rating, et régulariser la situation de sa dette extérieure, le Gabon négocie un prêt avec le Fonds monétaire international (FMI) pour la signature d’un nouveau programme d’ajustement structurel, qui lui permettrait d’équilibrer ses ressources avec ses dépenses.

En dehors de cette option, l’Etat gabonais pourrait procéder à une rationalisation de ses dépenses budgétaires en réduisant, par exemple, le train de vie de l’administration centrale pour dégager des marges budgétaires supplémentaires.

 

*Expert financier

 

 

 

 

 

Article du 28 mai 2021 - 10:26am
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