Erick Otsétsé : « Tant qu'il y aura des conditions de vie précaires, je vais toujours les dénoncer ! »

Par Brandy MAMBOUNDOU / 16 déc 2021 / 0 commentaire(s)

Ainis jure-t-il la main sur le cœur ! Désormais unis pour dénoncer les travers du régime en place en compagnie de Fortuné Edou et les autres activistes, ce Téké, originaire du Haut-Ogooué, très engagé pour un Gabon meilleur, a été arrêté dernièrement par les éléments du B2. Relaxé quelques heures plus tard, après y avoir passé une nuit, dans des conditions humiliantes, dans une cellule de ce service redouté et redoutable, il conte le déroulement de cette affaire. Lecture ! 

Gabonclic.info : Vous dites avoir été enlevés (avec Fortuné Edou) puis détenus arbitrairement au B2. Pouvez-vous revenir sur le déroulement de ces évènements ?

Erick Otsétsé : Je tiens dans un premier temps à vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ma personne. D’entrée, disons que le mercredi matin, j'étais vers le siège de SOS médecins. Nous sommes allés vers un vieux papa avec qui nous avons fait un Live. J'étais dans mon véhicule avec Monsieur Fortuné Edou et Christian Rékoula. Nous avons laissé Fortuné Edou sur le chemin. Je me suis rendu par la suite à Awendje, plus précisément au niveau de la Gaboprix, où j'ai commandé un paquet de cotis. Dans le même temps, ma femme m'appelait pour me faire comprendre que l'enfant faisait diarrhée vomissements. Quelques minutes après, j'ai reçu un coup de fil de Monsieur Fortuné Edou qui demandait ma position. Cinq minutes plus tard, il y a eu une voiture de marque Toyota blanche qui a garé devant moi sans plaque d'immatriculation. Ils m'ont demandé si c'était moi Monsieur Erick Otsétsé, j'ai dit oui. Ils m'ont dit : suivez-nous. J'ai dit ok, d'accord. J'ai quand même pris le temps de laisser la clé de ma voiture avec un petit. A l'intérieur, j'ai demandé si je pouvais passer un coup de fil, ils m’ont catégoriquement dit non.

Nous avons roulé. Et subitement, nous sommes entrés au portail du B2. Étant dans cette enceinte, je me suis retrouvé nez à nez avec Monsieur Fortuné Edou. J'étais étonné. Et j'ai demandé pourquoi j'ai été arrêté ? Ils m'ont demandé de donner mon nom, prénom, mes contacts. Après quoi, ils m'ont apporté un papier qu'ils me demandaient de signer. J'ai demandé ce que je signais. Sur le titre du document, c'était écrit : Incitation à la violence sur Facebook. Mon coup de fil pour annoncer à ma famille que j'étais arrêté était conditionné à la signature de ce document. Mais à cause du titre, j'ai préféré ne pas signer. J'ai dit que je ne me reconnaissais pas dans ce qui était dit. Ils m'ont posé quelques petites questions. Comment j'ai fait pour avoir ma voiture. Après ça, ils nous ont demandé de nous déshabiller et d'aller au sous-sol, pour nous enfermer.

Vous êtes sortis juste 24 heures après. Faut-il dire qu’Erick Otsétsé va arrêter de dénoncer les mauvaises conditions de vies des Gabonais ?

Je suis un ancien déflaté de la Cnss, de la fondation Jeanne Ebori. Où j'ai passé 13 ans de ma vie à travailler. En 2012 voire en 2013 je crois bien, le président Ali Ben Bongo Ondimba, a pris un décret qui devait casser les hôpitaux de la Cnss. Donc, je suis sorti de cette boîte-là sans rentrer en possession de mes droits. Je me suis dit il n'y a pas de problèmes. Quelques années plus tard, je me suis rendu du côté de la poste où j'avais épargné plus de 6 millions. Mais, là-bas c'était également le même constat : impossible de récupérer mon argent au sein de la poste. Voilà les mots qui ont quand même pu faire un boum à moi pour pouvoir rentrer dans la dénonciation. Pire, lorsque j'arrive à Awendje, il y avait normalement de l’eau dans le quartier. Mais quelques mois plus tard, l'eau ne coule plus dans les pompes. Nous sommes à plus de neuf ans sans aucune goutte d'eau dans les robinets.

C'est tous ces petits mots qui minent la société gabonaise avec le manque de routes, le manque de construction d'écoles, et autres manquements qui m'ont motivé à procéder aux dénonciations. Je peux rassurer tous les Gabonais que je ne vise pas particulièrement quelqu'un. Ou un groupe d'individus. Moi, je me dis juste que dans un pays comme le Gabon, les Gabonais n'ont pas le droit de vivre dans de telles conditions. Alors que le sous-sol gabonais et immensément riche. Du moment que ma décision est conditionnée par l'amélioration des conditions de vies des populations, et tant qu'il y aura toujours ces conditions de vie déplorables, je vais toujours dénoncer ces mauvais traitements que subissent les Gabonais dans un pays immensément riche.

Peut-être un mot à l'endroit de ceux-là qui ne semblent pas encore avoir compris votre démarche…

Les gens qui n'ont pas encore compris le but mon combat doivent comprendre que la misère à laquelle nous sommes exposés ne devrait même pas exister car, nous sommes un pays riche. Rien qu'avoir au niveau du marché aujourd'hui. L'économie informelle est dans les mains de nos frères expatriés. Je dis que ce n'est pas normal. Aujourd'hui, dans le domaine du bâtiment, la plupart des marchés sont remis à nos frères expatriés. Entre-temps, le Gabonais à la capacité et cette volonté de pouvoir faire tout cela. Mais, on ne comprend pas pourquoi est-ce que l'Etat Gabonais nous empêche de nous y investir. Moi, personnellement, je n'ai pas des problèmes avec un particulier ou avec qui que ce soit. Mais, si la misère continue, nous allons toujours continuer à dénoncer.

Je vous remercie

Propos recueillis par Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 16 décembre 2021 - 11:07pm
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