Et revoilà (encore) l’affaire République Gabonaise contre le Groupement Santullo

Par Nicolas NDONG ESSONO / 18 jan 2022 / 0 commentaire(s)
Guido Santullo et Ali Bongo, lors de l'inauguration du pont sur la Banio, le 20 juin 2014.

Après avoir exécuté plusieurs travaux routiers au Gabon, au cours du premier septennat d’Ali Bongo, la société du défunt Guido Santullo n’a pas été payée en totalité. Il s’est ensuivi des palabres judiciaires entre les deux parties jusqu’à…ce jour.  

Ce mardi 18 janvier 2022, depuis le monde du silence où il s’est installé dans l’après-midi du 27 août 2018 à 82 ans à Gaeta (Italie), Guido Santullo suivra avec une attention particulière le déroulement des hostilités, devant la Cour d’appel de Paris, entre la République Gabonaise et le Groupement Santullo. Le Gabon espère obtenir l’annulation de la sentence de novembre 2019 qui le condamnait à verser au groupement Santullo la somme de 109 412 237 860 Fcfa avec les intérêts. Petite précision, mais précision tout de même, au moment de la condamnation, cette somme n’était que 90 598 191 066 Fcfa.

Du coup, l’Etat gabonais, peut-on dire par ailleurs, qui prend le risque d’alourdir la note, veut tenter sa chance pour convaincre la Cour française de l’existence d’un probable acte de corruption de l’ancien ministre de l’Economie, des infrastructures …et tutti quanti, Magloire Ngambia par le groupement Sericom Gabon pour obtenir l’annulation de la sentence préalablement prise au bénéfice de cette société de travaux publics.

Guido Santullo, de son vivant.

Mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville, le mardi 10 janvier 2017, pour entre autres, des faits de détournement des deniers publics, Magloire Ngambia a toujours nié avoir reçu de l’argent de feu Guido Santullo pour signer un ou plusieurs contrats. Le Gabon, de son côté, accuse les entreprises de Guido Santullo de corruption active d’agent public, arguant que les marchés de BTP remportés dans le pays – onze au total, équivalents à 382 milliards Fcfa – l’ont été en échange de faveurs versées à des fonctionnaires gabonais (billets d’avion, séjour à l’étranger, construction de résidence, versement en liquide…). L’homme d’affaires italien, à en croire plusieurs membres de son entourage, disait toujours de son vivant qu’il n’aurait eu besoin de corrompre aucun ministre ; puisqu’il était en contact direct avec la présidence de la République.

La République Gabonaise, condamnée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour détention arbitraire de Magloire Ngambia a fini par le relâcher le 24 septembre 2020 après 44 mois passés au pénitencier de Libreville, sans procès, non sans lui avoir fait signer, dix jours avant sa libération, un accord qui établirait sa culpabilité « après négociation » des faits qui lui étaient reprochés….

Interrogé, ce jour-là par nos confrères de Gabonreview, Me Raymond Obame Sima, l’avocat de Magloire Ngambia déclara : « nous sommes soulagés que notre client recouvre sa liberté et ses proches. Ça a été un réel plaisir de l’avoir comme client. C’est quelqu’un de très facile qui s’est laissé guider par ses avocats. Il nous a facilité le travail. Je souhaite à tous les avocats de l’avoir comme client ».

Toutefois, du côté de l’opposition gabonaise, on dénonce la recrudescence « des affaires » qui ternissent l’image du pays depuis 2009 où désormais la parole publique est mise en doute. « Cela me fend le cœur de voir que mon pays est trainé dans la boue. Toujours les affaires, encore les affaires devant les tribunaux. Aucun patriote ne peut l’admettre ; aucun Gabonais ne peut le comprendre ; cela montre que nous ne sommes pas dans un Etat de droit et les propos de Germain Nguema Ella, le président du syndicat national des magistrats sur la déchéance de la justice au Gabon, trouvent tout leur sens », s’offusque notre source.

Nicolas Ndong Essono

Article du 18 janvier 2022 - 11:29am
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