Extorsion de fonds à la frontière Gabon-Congo à Ndjounou (Okondja-Haut-Ogooué) : 40 000 Fcfa à chaque passage pour les Gabonais et 25 000 Fcfa pour les Congolais !

Par Nicolas NDONG ESSONO / 15 fév 2022 / 0 commentaire(s)
le président de la CEMAC devrait se pencher sur cette situation

Des deux côtés, on exige aux passants de débourser de l’argent pour circuler. Une façon de faire qui est totalement contraire aux directives de la CEMAC qui autorise la libre circulation des biens et des personnes dans ses pays membres. Denis Sassou Nguesso et Ali Bongo ne devraient-ils pas très rapidement trouver une solution à cet épineux problème !

Il y eut, face à la mondialisation, l’urgence pour les pays africains de créer les grands ensembles pour relever le défi de la survie. Ainsi est née la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) dont le but est de conduire et consolider le projet d’intégration des peuples des six pays de l’Afrique centrale que sont le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad ». Voilà pour l’idéal.

Du coup, pour passer de l’acte à la parole, dans le prolongement de l’acte additionnel de sa création adopté le 25 juin 2013, tous les Etats de la CEMAC ont matérialisé en octobre 2017, à travers une circulaire, la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Voici ce qui devrait être inscrit sur le marbre de l’organisation dirigée par le Gabonais, le très sectaire Pr Daniel Ona Ondo. Même si l’homme, antithèse de parangon de vertu, s’illustre par des actes plus que blâmables – il a nommé sa propre fille en octobre 2021 représentante résidente de la CEMAC au Gabon – les directives de cette organisation devraient être appliquées. Que nenni ! Pour preuve…

Ndjounou Gabon et Ndjounou Congo

Sur l’axe Makokou-Okondja, au village Ndjounou, se trouve un poste frontalier entre le Gabon et le Congo-Brazzaville voisin. Des deux côtés – Ndjounou Gabon et Ndjounou Congo - vivent des familles éparpillées par le tracé des frontières de l’époque coloniale mais qui se fréquentent habituellement. Du côté gabonais, pour sécuriser la zone, cette lourde responsabilité a été confiée à la Gendarmerie nationale dirigée par le général Yves Barassouaga.

Problème, et comme si cela était écrit « quelque part », les gendarmes conjuguent le verbe racketter à tous les temps et tous les modes. « Ici, témoigne un habitué de ce trajet, la Gendarmerie de Ndjounou Gabon exige 20 000 Fcfa à chaque Gabonais entrant au Congo et 20 000 à chaque Congolais venant du Congo ; et au retour, si tu as quelques litres de vin de maïs, ces mêmes gendarmes se transforment en douaniers et te rançonnent 2 000 Fcfa par bidon de 20 litres ». Voilà pour la partie Gabon !

Du côté de Ndjounou Congo, contrairement au Gabon qui n’a que la Gendarmerie nationale à sa frontière, le Congo y possède quatre services bien organisés : Douanes, Gendarmerie nationale, Immigration et Police. La sortie d'un ressortissant congolais pour le Gabon revient à 5000 Fcfa. L'entrée d'un Gabonais au Congo est fixée à 20 000 Fcfa, exemptés les corps habillés par solidarité. Ce qui n’est pas le cas pour le Gabon. En somme, pour un Gabonais qui se rend au Congo, il doit aux frontières débourser 40 000 Fcfa, sans compter le ticket de transport. A contrario, pour un Congolais qui se rend au Gabon, il doit payer 25000 Fcfa. Alors même que le même Gabonais, à sa sortie d’avion à Brazzaville ou pointe noire, ne paye rien.

Pas de reçu justifiant l’opération

Ici, faut-il le préciser, les paiements se font « la main à la main », comme on le dit prosaïquement, c’est-à-dire pas de reçu justifiant l’opération, pas de laissez-passer établi pour prouver la régularité de votre séjour dans l’un ou l’autre pays. L’un de nos reporters, de passage sur les lieux dernièrement, a interrogé l’un des gendarmes commis à cette tâche. « Nous avons trouvé là, ces pratiques non-écrites, explique-t-il. Tous les hommes de troupe qui sont passés par là connaissent cette réalité ». Et s’interroger, un brin ironique : « pensez-vous que nos chefs ne sont pas au courant de cette situation ? ». Comme pour dire que, même si c’est loin d’être légale, cette façon de faire est « tolérée » au sommet des Forces de Défense gabonaises et congolaises. D’autant plus que, du côté du Gabon, les Gendarmes se plaignent de leurs conditions de travail ; ils considèrent qu’ils sont « jetés » en brousse sans le moindre confort. Sans moyens de transport. A la moindre maladie, d’un incident brusque…le délai d’intervention serait très long.

La prise d'un texte qui justifierait cette extorsion de fonds

Pour sûr, témoigne un Gabonais habitué des lieux : « le racket orchestré par les gendarmes à des coûts très insupportables rend difficile le vivre-ensemble des deux populations installées autour de cette frontière. Nous exigeons la prise d'un texte qui justifierait cette extorsion de fonds ». Ici et là, on se demande si cette pratique ne constituerait-elle pas des primes d'éloignement ou un salaire additionnel que les Gendarmes se tailleraient dans le dos de ceux qui ne vivent que de leur chasse, cueillette et pêche ?

Cette situation, qui porte atteinte aux sacro-saints principes de la liberté de circulation des biens et des personnes dans la zone CEMAC, pour mettre fin à ces tracasseries, devrait interpeller et pousser à l’action les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo et Ali Bongo du Gabon pour bien des populations des deux pays.

Allô Daniel Ona Ondo, le président de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale !

Elzo Mvoula

 

 

 

 

Article du 15 février 2022 - 11:05am
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