France-Afrique : Non au putsch en France, oui au putsch au Tchad.
La France d’Emmanuel Macron se déchire. En moins d’un mois, des militaires à la retraite puis des militaires d’active ont signé deux tribunes qui mettent en péril la tranquillité électorale du jeune président français.
On dit traditionnellement que l’armée est la grande muette. Mais cela valait pour la France et c’était avant. Une première tribune le 21 avril et une seconde le 9 mai, soit deux sommations que ne supportent pas le landerneau politique dit républicain. De fait, ils sont tous montés au créneau pour attaquer les militaires qui ont rompu le devoir de réserve. Les réactions sont très vives. Elles vont du chef d’état-major des armées, François Lecointre, à la ministre des Armées, Laurence Parly, au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, jusqu’aux partis politiques, à l’exception du Rassemblement national de Marine Le Pen. Le général Lecointre a rappelé la règle à ces militaires que la bien-pensance française qualifie de « factieux » : « On peut avoir des convictions personnelles mais les armées sont d'une fidélité absolue au président élu, elles sont subordonnées au chef des armées. Si on a des états d'âme, il faut quitter l'armée. »
En clair, les deux tribunes montrent que certains militaires ont pris des distances avec le président élu, celui des institutions. Les militaires précisent que leur prise de parole est nécessaire et qu’il en va de « la survie de notre pays ». Ils disent avoir « laissé leur peau » au Mali « pour détruire l’islamisme auquel » les autorités « font des concessions sur notre sol », c’est-à-dire en France. Et de craindre une guerre civile à l’allure où se chevauchent les violences contre les policiers.
Question : quel mal voient les Macroniens dans cette prise de parole des militaires ? Au Tchad, le 23 avril, Emmanuel Macron était au côté d’un putschiste, à la cérémonie d’hommages à l’illustre chef de guerre Idriss Deby Itno disparu quelques jours plus tôt. Alors que la Constitution prévoit que le président du Sénat assure une présidence intérimaire pour organiser une élection présidentielle au regard de la vacance définitive du pouvoir, Emmanuel Macron, chef d’Etat français, a validé le coup d’Etat militaire orchestré par Mahamat Deby Itno et quelques généraux. Le Conseil militaire de transition est bien un bruit des militaires qui refusent de se soumettre à un pouvoir civil. Pourquoi ce qui est rejeté en France est-il autorisé en Afrique ? Emmanuel Macron considère-t-il que l’Etat de droit et la démocratie valent pour les Français et pas pour les Africains ? Il est désormais évident que ce n’est pas avec lui que l’Afrique francophone va tourner la page des dynasties, des dictatures et des régimes militaires. Avec ça, il s’étonne de la montée du sentiment anti-français ! Un bon message aux organisations de la société civile africaine…
Elzo MVOULA
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