France-Mali : le bras de fer prend un nouveau tournant
Si au début de leur différend qui tient en haleine l’Afrique en particulier et le monde en général, les mots, les phrases et les actes étaient policés, aujourd’hui, l’affrontement est direct. En dehors de Sékou Touré, jamais un pays africain, depuis les indépendances, n’a osé « écarquiller les yeux » et « froisser le visage » devant la France. Les Africains retiennent leur souffle.
Le bras de fer entre le Mali et la France qui dure déjà depuis plusieurs mois, suite au refus par les Autorités de Transition à Bamako d’organiser des élections dans les délais imposés par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en complicité avec Paris, s’exacerbe de plus en plus. Déjà avec la décision du Gouvernement malien de s’offrir les services des mercenaires russes, toute chose très largement saluée par les Maliens aussi bien au sommet de l’Etat qu’au niveau des populations, mais qui fâche l’Exécutif français. Une situation davantage dopée par les sorties « méprisants » de deux membres du Gouvernement français à l’égard des responsables au pouvoir à Bamako…
Après une escalade de quelques mois entre les pays, les Autorités de Transition du Mali sont plus que jamais déterminées à se faire respecter par ses partenaires et surtout les autorités de la France. Pour cela, en réponse aux propos tenus par des ministres français des Armées, Florence Parly, et de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, ces derniers temps, traitant les Autorités de la Transition au Mali « d’illégitimes », de « junte au pouvoir », le Gouvernement du Mali a ordonné, lundi, à l’Ambassadeur français de quitter son territoire dans les soixante-douze 72 heures.
Du coup, une question tombe sous le sens : va-t-on vers une rupture diplomatique ? Rien n’est moins sûr, même si pour le moment, la France n’a pas encore envisagé la réciprocité, en expulsant l’Ambassadeur malien de l’Hexagone… On en est donc loin de cette hypothèse.
Entre-temps, sur le terrain au Mali, la situation économique devient un peu frêle ! Il faut souligner qu’avant les sanctions économiques et financières prises contre Bamako par la CEDEAO et l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), les prix de certains produits étaient déjà un peu élevés. Mais depuis ces sanctions, force est de reconnaître que d’autres produits connaissent une légère augmentation…
Même si les transporteurs maliens sont engagés à soutenir les Autorités de la Transition en important les vivres pour les populations maliennes, il y a lieu de signaler qu’en ce jour, il n’y a pas d’approvisionnement des produits de premières nécessités.
Cependant, face à tous ces moyens de pression, les Autorités de la Transition au Mali se montrent déterminées devant les nombreux défis qui les attendent. D’autant plus qu’elles bénéficient du soutien massif des Maliens conscients des sacrifices à subir avant d’obtenir leur autonomisation totale.
Hamadoum Alphalgalo (correspondant au Mali)
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