Fraternité : le regard des Orungu sur les autres Gabonais.
La nomination d’un non originaire de Port-Gentil, en l’occurrence Edson Mvou Tsinga, natif du Haut-Ogooué, à la tête de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), basée dans la capitale économique, ne trouve pas grâce aux yeux des autochtones, la communauté orungu, qui auraient plutôt souhaité la promotion d’un des leurs, Christian Avaro Eyeno
« La chefferie ôrungu retient définitivement, pour sa part, que la nomination de Monsieur Mvou Tsinga à la direction générale de la Sogara est une gageure qu’en toute conscience, elle ne saurait laisser prospérer. » Ainsi peste-t-elle dans un document parvenu à notre rédaction, en réaction aux nominations du dernier Conseil des ministres.
La communauté orungu espérait que, après avoir assuré pendant neuf mois l’intérim du directeur général de la Sogara, Christian Avaro Eyeno serait promu à ce poste. Elle avait d’ailleurs entrepris un lobbying auprès du chef de l’Etat, en cherchant même à mettre à contribution le directeur de cabinet du président de la République, Théophile Ogandaga, qui se trouve être un Orungu. Mais le Conseil des ministres du 23 mars en a décidé autrement. Ministre du Pétrole, du Gaz et des Mines, Vincent de Paul Massassa, qui était informé des vœux de la chefferie orungu, n’a semble-t-il pas eu le dernier mot dans cette affaire, qui agite la République.
L’hostilité des Orungu
La chefferie orungu ne veut pas d’Edson Mvou Tsinga, pour deux raisons. Elle le dit dans un document rendu public dans la foulée du Conseil des ministres : « Au regard de ses états de service, que ce soit à la Sogara où il a exercé 21 ans durant des fonctions commerciales, ou bien à Gabon Oil Marketing qu’il a dirigé du 1 er janvier 2020 jusqu’à sa dissolution le 14 août 2020, les compétences managériales de Monsieur Mvou Tsinga ne convainquent ni ceux qui le connaissent à la Sogara, ni les professionnels du secteur industriel pétrolier. La chefferie ôrungu observe que confronté à l’endettement de Gabon Oil Marketing, Monsieur Mvou Tsinga n’a pu redresser cette entreprise en difficulté et a œuvré, au contraire, à sa dissolution. ». A leurs yeux donc, le promu n’a pas le profil de l’emploi. Mais c’est surtout une affaire ethnique. Un Altogovéen qui ravit la place à un fils de « la République orungu » ne saurait réjouir personne à Port-Gentil. « Cette nomination amplifie le dangereux sentiment au sein de la communauté originaire de Port-Gentil que la présidence de la République gabonaise a résolument pris le parti du défi au bon sens et aux règles de l’équilibre social dans la cité portgentillaise. »
La référence au Haut-Ogooué
La communauté orungu allègue que la préférence ethnique ou provinciale a également cours dans le Haut- Ogooué. En effet, les entreprises ont souvent été gérées par les natifs de cette province. Ce fut le cas de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) avec Marcel Abeke avant Batolo, de la Société sucrière du Haut- Ogooué (Sosuho, devenue Sucaf) avec Luc Saba Okouyi, de la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (Comuf) avec Egide Boundono Simangoye et de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) avec Christian Magni.
Pourquoi la règle (non écrite) qui prévaut dans le Haut- Ogooué ne prévaudrait-elle pas dans l’Ogooué- Maritime ? La province a, certes, déjà obtenu la tête de Guy Christian Mavioga, natif de la Ngounié, au profit de Jean Marie Kombe Wora à la direction de Pizolub. Toutes ces revendications fondées sur l’ethnie incitent à repenser notre vivre-ensemble.
vichanie MAMBOUNDOU.
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