Si en France aucune filiale d’Eramet ne peut se taper un tel luxe, au risque de susciter le courroux des organismes de protection de l’environnement, sous les tropiques, une telle situation relève de la « normale ». Et pourtant, il y a un gros problème…

Il y a dix ans, le Conseil municipal de Booué avait désigné les environs du quartier Linze comme site devant servir de décharge publique.

A la surprise générale, le projet a été dévié sur l'Ogooué par Setrag. Setrag a pris le soin de placer sa station de pompage d'eau en amont de la décharge, en laissant les populations riveraines situées en aval utiliser ces eaux usées pour les multiples besoins ménagers, une situation qui suscite des interrogations de tous ordres.

Les quartiers Linze et Atsombial ne sont pas desservis en adduction d'eau par la SEEG, les seules possibilités qui s'offrent à ces populations sont les eaux de l'Ogooué par la décharge et les eaux des rivières et des marigots environnants. Interrogé sur la situation, un notable de Linze répond : « À Booué, nous avons un centre médical qui, dans la réalité, ne l'est pas. Nous buvons des eaux usées et des fois de l'eau non potable. Pourquoi s'étonner du fort taux de mortalité dans les différentes tranches d'âge ? ».

Du côté d'Atsombial où réside une grande partie des victimes, le sentiment est très amer face à la situation qui dure depuis des dizaines d'années. Un militaire à la retraite a même comparé le quartier Atsombial à un quartier noir d'Afrique du Sud sous l’apartheid, sans manquer de se poser cette question : « comment justifier l'insouciance des autorités (maire, président du conseil départemental, Préfet) ? Peut-être parce qu'ils ne sont pas de Booué ». Motivées par tout ce qui précède, les populations ont tenté, avec les recettes de la forêt communautaire, de financer l'adduction en eau du village. Mais le coût étant très élevé, ils ont opté pour d'autres infrastructures de proximité.

Marcel Mahossa (De notre correspondant à Booué)