Gabon : Après quatre ans d’un marathon judiciaire, Alain Ditona-Moussavou blanchi par la Justice
Victime de l’opération Mamba et accusé de détournement de fonds publics et de violation des règles de passation des marchés publics, l’ancien directeur général de la Caisse de dépôt et de consignation, vient d’être blanchi par le tribunal de Libreville. Ironie de l’histoire, son accusateur, lui, croupit à Sans famille…
Commençons par cette question simple : quel Gabon après le départ d’Ali Bongo du pouvoir ? Posée ainsi, cette interrogation renvoie à ce qui se passe depuis 2009 dans ce pays. Des mères et pères de famille sont humiliés tous les jours pour un oui ou pour un non par ceux qui, à un moment ou à un autre de leur vie, se sont vus confier « gratuitement » le Gabon par le successeur et héritier d’Omar Bongo. Ali Bongo déléguant ainsi ses pouvoirs à ses collaborateurs. Ce fut le cas avec Maixent Accrombessi ou Brice Laccruche Alihanga.
Du coup, une fois en possession du destin des milliers de Gabonais entre leurs mains, ils en font ce qu’ils veulent comme cela leur plaît. Malheur à celui qui osera lever le petit doigt pour dire qu’il est mécontent ou qui s’opposera à leur volonté de « s’emparer » d’un poste, surtout s’ils le trouvent suffisamment à même de leur rapporter des espèces sonnantes et trébuchantes.
Dans cette veine, nous sommes le 28 septembre 2017. Ce jour-là, alors que Brice Laccruche Alihanga, tout-puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo est aux commandes de (presque) tous les leviers du Gabon, il promeut Herman-Régis Nzoundou Bignoumba en qualité d’administrateur directeur général de la Caisse de dépôt et consignations (CDC). Les deux se sont rencontrés à BGFIBank, le « Mbandja » personnel d’Henri Claude Oyima. Il succédait à ce poste, à Alain Ditona Moussavou.
Cet homme, pour les jeunes générations, est un banquier qui « voit » l’argent – billets et pièces – depuis bien des années. Comme on le dit prosaïquement, il a vu de « ses propres yeux » ce que l’on qualifie de « chambre à coucher » du Fcfa. Autrement dit, il a manipulé des milliards et des milliards tout au long de son parcours professionnel depuis la Bicig…jusqu’à la CDC. Problème, alors qu’il occupait les fonctions de président du Conseil d’administration de Comilog, il a été gardé à vue au B2 plus de deux semaines durant. Il est libéré, sous caution, quelques jours plus tard. Depuis janvier 2018, il était sous l’œil de la justice gabonaise.
Sauf que, comme un juste retour de manivelles, Alain Ditona-Moussavou (66ans), l’ancien PCA de la Comilog, dernier poste occupé, vient d’être libéré des ennuis judiciaires qui troublaient son sommeil depuis quatre longues années. Suite aux poursuites orchestrées contre lui par son jeune successeur à la tête de la Caisse de dépôt et de consignation, Herman Nzoundou Bignoumba (45ans).
C’est une ordonnance de constat de non-lieu, rendu le 11 février dernier, qui consacre définitivement l’innocence du haut cadre de Mayumba et de la Basse-Banio, poursuivi dans le cadre de « l’opération Mamba ».
Son accusateur, longuement entendu par la Cour criminelle spéciale, sera écroué un an plus tard à la prison centrale de Libreville pour soupçons de corruption et détournement massif des fonds publics dans le cadre de « l’opération scorpion » qui a principalement visé le groupe de Brice Laccruche Alihanga.
Militant du PDG de la commune de Mayumba, Alain Ditona-Moussavou aurait tapé dans l’œil d’Ali Bongo Ondimba en 2011, pour en faire l’une des têtes pensantes de son premier… slogan de campagne : « l’avenir en confiance », saboté par ses propres disciples émergeants et ses amis du Mogabo.
Ainsi va la vie. Le pouvoir n’est jamais fait pour nuire mais servir ses compatriotes. Du fond désormais de sa cellule, Herman-Régis Nzoundou Bignoumba doit méditer sur cette assertion.
Nicolas NDONG ESSONO
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