Après avoir, des années durant, affronter Denise Mekam’ne et la notabilité locale de cette formation politique au pouvoir à Ndjolé, cet indépendant d’autrefois a fini par prendre sa carte de militant du parti des masses. Abandonnant sur le quai plusieurs de ses anciens compagnons de lutte avec lesquels il a été inséré à la prison de Lambaréné suite à l’incendie de la mairie de cette ville lors des élections législatives et locales de 2018.

Tout « ça » pour « ça » ? Si le yoga, dont il est le grand maître aujourd’hui au Gabon, apporte un bien-être physique et mental, Daltry Nang-Eko a manifestement développé, au fil du temps, l’opportunisme comme mode de fonctionnement. Tant pis pour ceux qui, depuis des années, étaient naïvement derrière lui pour le soutenir à Ndjolé. Ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, aujourd’hui. Voilà pour le cliché !

Pour les faits, ceux qui dirigent - le Parti démocratique gabonais (PDG) à Ndjolé d’une main de fer – l’avaient effrayé de se porter candidat à l’élection législative de 2018 où il aurait pu les mettre en difficulté. Voici pourquoi ils n’ont pas accepté non plus, d’acter sa victoire au scrutin communal. L’envoyant de surcroît en prison avec une bonne partie de ses amis.

L’univers carcéral de Lambaréné n’a-t-il pas suffi de le convaincre de faire autre chose que de la politique, pour que l’ancien acteur indépendant choisisse de venir s’enfermer lui-même dans un PDG local où l’on n’en demandait pas tant…Plusieurs caïmans ne peuvent survivre dans un marigot. Et, à notre connaissance, Denise Mekam’ne Edzidzie épouse Taty, l’inamovible membre du gouvernement, le leadership politique pdégiste local, qui est parvenu à s’imposer jusqu’au chef-lieu de la province, n’est pas encore prêt de s’effacer.

L’adhésion de Daltry Nang-Eko au PDG ne peut donc que questionner sur le point de savoir ce qui a pu faire courir l’homme, pourchassé hier, vers ses bourreaux aujourd’hui. La peur d’un dossier judiciaire post-électoral qui n’est pas forcément clos ? La détention par le pouvoir d’éléments d’un autre dossier très, très, très compromettant ? Ou les deux choses à la fois. Nul ne saura le dire à ce stade du questionnement. Il saute cependant aux yeux, que l’on n’adhère pas, en solitaire, à un quelconque parti politique au pouvoir, sans de bonnes raisons personnelles, tenant compte de ses propres intérêts. De positionnement ou de mise à l’abri d’éventuels ennuis de toutes natures.

Des secrets identifiant autrement qu’on ne le connaissait

En termes de positionnement politique, Daltry Nang-Eko, avait voulu essayer en 2018, pour la députation communale. Mal lui en a pris, puisqu’un confrère paraissant alors, s’étant « occupé » de lui sur presque deux pleines pages. Le Journal « Orety », pour ne pas le citer, révélant bien des secrets identifiant autrement qu’on ne le connaissait, l’homme qui se préparait à défier Denise Mekam’ne Edzidzie épouse Taty à Ndjolé.

L’intimidation avait-elle fait son effet ? On ne peut qu’en convenir a posteriori… Puisque le néo-politicien, que l’on annonçait partant avec le label d’Alexandre Barro-Chambrier, se désistera sans raison valable, aux législatives. Et donnera même l’impression d’aller aux locales qu’en traînant les pieds. Avant le séjour en prison que l’on sait.

Une fois élargis, les co-déténus de l’homme comme Charlie Mendome (lire ailleurs), ou ses soutiens comme Jacques Mvè-Mba alias Joxe, ne sont plus parvenus à le cerner. Entre initiatives personnelles de réconciliation et d’allégeance aux puissants leaders ndjoléens qui lui en ont fait pourtant voir des vertes et des pas mûres… Autant dire que son adhésion de la fin de la semaine dernière, a plus énervé que surpris ces derniers.

Rendu à Louis avec le seul Hugues Mefane, inconnu au bataillon de ceux qui ont trimé avec lui à la prison centrale de Lambaréné, Daltry Nang-Eko pourra-t-il obtenir une place de choix dans ses nouveaux quartiers ? Pas si sûr…Puisque, la discipline du parti aidant, le nouvel arrivé ne pourra espérer postuler pour le compte du PDG à Ndjolé aux futures législatives. A moins que Denise Mekam’ne ne signe sa retraite politique. Sera-t-il alors maire demain, là où on a juré de ne pas le voir hier ? Invraisemblable. Puisque son poids politique et la sympathie des populations qui lui étaient acquis après les épreuves de 2018, vont incontestablement fondre comme neige au soleil.

Reste un possible repositionnement à Samkita. A partir de son village natal de Biboulmame. Là où il s’est bâti un célèbre complexe de yoga. Mais face à l’adversité constituée par les Samuël Abeigne, Obame-Emvougha, Pierre Nguema-Nkoume, Alpin Ndong-Ondo, Etoughe-Biyoghe ou Franck Kougha, l’aventure risquerait de tourner court. Il ne lui restera alors qu’à porter les valises de ses nouveaux leaders à Ndjolé. Sauf s’il est secrètement programmé pour les remplacer avec les changements annoncés. Ce qui est loin de couler de source…

Dans tous les cas, l’adhésion de Daltry Nang Eko au PDG n’apportera aucune valeur ajoutée à Ali Bongo dans la perspective de 2023.

Nicolas NDONG ESSONO