Gabon : Des Altogovéens désabusés et inquiets écrivent à Ali Bongo Ondimba

Par Nicolas NDONG ESSONO / 13 mar 2022 / 0 commentaire(s)
L'état des routes.

Stigmatisés à tort ou à raison à cause de leur soutien indéfectible au président de la République actuel, considérés comme de simples jouisseurs du régime sans valeurs particulières alors que beaucoup vivent dans des conditions exécrables, même si certains nagent dans l’illusion de « la province présidentielle », quelques enfants « lucides » de cette partie du Gabon ont décidé de s’adresser, par le billet des réseaux sociaux, à Ali Bongo Ondimba. Pourquoi ? Contrairement à son prédécesseur, l’héritier et successeur d’Omar Bongo serait « inaccessible » pour eux. Alors même que le pays tombe de charybde en scylla. Ils ne se reconnaissent nullement dans sa politique marquée, entre autres, par l’absence de développement de la province du Haut-Ogooué.

Parvenue à notre rédaction, cette lettre montre l’étendue de la « double peine » des Altogovéens : ostracisés, d’une part, par bon nombre du reste de compatriotes, parce que considérés comme des privilégiés du système Bongo-PDG ; ils sont négligés, d’autre part, par Ali Bongo qui s’est détourné complètement « des vrais et intègres » Altogovéens pouvant l’aider à conduire la maison Gabon. En somme, pour tous ceux qui en doutaient encore, les originaires du Haut-Ogooué ne passent pas les vacances ensemble. Pour preuve, cette lettre…

 

Objet : Lettre ouverte au chef de l’Etat, Son Excellente Ali Bongo ondimba

Origine : Minorité contestataire du Haut-Ogooué

Excellence Monsieur le résident de la République,

Nous venons par la présente avec déférence, porter à votre très Haute connaissance, les raisons de notre contestation à votre gouvernance.

En effet, depuis 2009 une certaine frustration s’est emparée des esprits des Altogovéens. Même si certaines personnes proches de vous jusque-là pour des raisons pécuniaires ou matérielles, ne daignent pas vous le signaler.

C’est le canal indiqué pour nous, fédération constituée de 975 membres essentiellement des étudiants, des politiques de tous bords, des jeunes sans emploi et des retraités tous originaires du Haut-Ogooué.

Excellence Monsieur le Président de la République et cher frère,

Nous ne croyons plus à votre politique de développement au niveau de notre province dans le domaine social et économique.

A cet égard, comment ne pas être en colère sur les points suivants :

1- Infrastructures de transport

- La route Akiéni-Onga n’est toujours pas bitumée ;

- La route Franceville-Boumango n’est toujours pas bitumée ;

- La route Aboumi-Okondja n’est toujours pas bitumée ;

- La route Okondja-Franceville (via Andjogo) n’est toujours pas bitumée ;

- Mounana et Moanda : route dégradée ;

- Bakoumba Moanda, route dégradée ;

- Akiéni Franceville, route dégradée

- l'axe Onkoua Franceville, non bitumée ;

- L'axe Akieni-Bongoville en passant par Kabaga non bitumé ;

- La bretelle Okondja-Onga, toujours pas prise en considération ;

- La bretelle Léconi-Onga toujours pas prise en considération ;

- Libreville et Franceville fait du sur place. Les travaux piétinent et la communication de la société adjudicatrice reste floue à ce sujet.

 

2- Infrastructures énergétiques :

Un lieu de culte dans le Haut-Ogooué

- La non-électrification de certains villages et cantons situés dans les départements de la Djoué, la Bayi-Brikolo, Lékoni-Lékori, Les plateaux, Lékoko, la Sébé- Brikolo, l'Ogooué- Létili, la M'passa et la Lébombi- Léyou…

 

3- Infrastructures hospitalières :

- Aucun Centre médical départemental, n'est doté d'un plateau médical performant ni d’ambulance médicalisée.

- Le Centre hospitalier régional Amissa Bongo, manque de tout…

- L'Hôpital Amissa Bongo Ondimba, est devenu une clinique privée, car sans argent, vous ne pouvez pas être soigné.

4- Infrastructures sportives :

- Abandon et dégradation des stades construits par le président Bongo dans chaque département, et ceux construit lors des Coupes d’Afrique des nations de football 2 012 et 2 017.

5- L'habitat et logement :

 Les conditions de vie des Altogovéens.

- En 13 ans de magistère, aucune cité ou des logements construits dans la province pour des personnes économiquement faibles ou des fonctionnaires.

- Non-réhabilitation ou entretien des palais présidentiels construits par feu le président Omar Bongo Ondimba ;

- Aucune résidence personnelle vous appartenant construite, soit à Bongoville, Franceville, Akiéni...

- Aucune école publique du primaire construit dans la province depuis 2009.

6- Transports :

- Coût du billet Setrag très élevé, alors que cette société via la Comilog exploite le manganèse dans le Haut-Ogooué

- Aucune entreprise de transport local pour les élèves et les étudiants

- Le billet d’avion Libreville et Mvengué très coûteux.

- Abandon des aérodromes construits dans chaque département par feu le président Bongo

7- L’emploi des jeunes :

- Plusieurs jeunes de la province sont au chômage depuis déjà 7 ans et d’autres plus ; alors qu’ils ont terminé leurs études supérieures…

8- Aucune politique impulsée par vous, afin de donner du travail aux jeunes et contribuer à leur formation auprès de quelques entreprises basées dans la province.

Excellence Monsieur le président de la République,

La liste est longue.

Par ailleurs, nous avons toujours soutenu, depuis 1993 jusqu’à nos jours, le pouvoir en place. Malheureusement, nous constatons, pour le regretter, que vous ne pensez pas à nous. Les quelques enfants ou cadres nommés à vos côtés, c’est pour vos propres intérêts. Les nominations d’une petite poignée des fils et filles de la province aux postes stratégiques obéissent à votre méthode de conservation du pouvoir qui en réalité n’est pas bénéfique pour la province. Ces frères et sœurs une fois nommés, ne font rien d'envergure dans la province s’ils n’ont pas votre autorisation, au risque de se faire passer pour des concurrents à votre pouvoir.

 

Excellence Monsieur le président de la République,

En 2016, lors de la présidentielle, vous nous aviez mis dans une situation difficile en décidant unilatéralement, en complicité avec quelques cadres dont certains aujourd'hui sont mis au placard, en trichant sur le PV de la province.

Excellence Monsieur le président de la République,

Vous avez fait croire à l'opinion nationale et internationale que le Haut-Ogooué est votre fief politique, alors que vous n’avez rien fait pour notre province. Voter massivement à une élection présidentielle pour un candidat dont le bilan dans la province est mitigé ne sera pas toujours évident…

Très malin que vous êtes, à chaque fois que vous sentez les élections présidentielles arriver, vous faites semblant d’être proche du Haut-Ogooué. Mais une fois les élections terminées, vous prenez vos amis étrangers et leurs enfants pour occuper les postes où il y a à manger et à boire.

Aujourd’hui, nous disons que si nous ne voyons rien 2023, les choses seront très compliquées pour vous.

Pour terminer, les populations du Haut-Ogooué en 2023, rentreront dans l'Histoire. On ne peut plus vivre ainsi et accepter cette humiliation que vous nous faites subir. Nous sommes considérés comme la province présidentielle et on ne voit rien comme chez les autres. En 50 ans de pouvoir, Franceville pouvait être un petit Dubaï.

Excellence, Monsieur le Président de la République,

Nous attendons que les choses soient faites pour le bien-être des populations du Haut-Ogooué qui ont trop donné pour votre règne depuis 1967. Aujourd'hui. L'heure est au bilan de ce mariage.

En espérant que notre requête retienne votre très Haute attention, veuillez croire à notre sincère considération.

M. C.  HO

Article du 13 mars 2022 - 5:33pm
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