L'affaire tombe bien mal pour le label Direct Prod qui produit des spectacles et les artistes musicaux dans le pays. La structure dirigée par Edgard Yonkeu comptait organiser un spectacle géant les 18 et 19 mars prochains avec tout ce que la musique gabonais compte d'artistes en vue. Elle y a même associé la star de la rumba congolaise Fally Ipoupa. Ce qu'elle n'a pas prévu, c'est que le bateau Esther Miracle sombre au large de Libreville, affectant gravement le pays au point de contraindre le chef de l'Etat à décréter un deuil national de trois jours. Trois jours durant lesquels les réjouissances sont interdites et qui avalent les dates prevues pour son spectacle. Or, les engagements sont déjà pris entre l'organisateur et les artistes. Les dépenses en déplacement et hebergement des artitstes engagées. Reporter les dates risque de les alourdir et annuler les transformer en perte sèche. 

Alors, pour maintenir sa manifestation et ne pas s'engager à fonds perdus, la structure tente désormais de maintenir ses dates initiales en restant dans le cadre strictement caritatif du recueillement et de la compassion. Dans un communiqué publié tôt le 13 mars, Direct Prod dit " porter à la connaissance de l'opinion nationale qu'après une énième discussion avec les artistes engagés sur le Festival Musical Collaboration, il a été décidé du versement aux familles des disparus de l'entièreté des recettes de la billetterie de cet evenement ".
L'initiative serait louable en d'autres circonstances. Elle coince malheureusement sur l'instant. Est-il vraiment décent d'organiser un spectacle de musique réputé faire du bruit, créer de la joie et générer une fête au moment où le Gabon pleure une trentaine de ses enfants ? Déjà une bonne partie du peuple ne voit pas cette initiative d'un bon œil et appelle à la boycotter. Les premières critiques ont fusé quand les artistes se sont rendus au Port Môle se recueillir et apporter leur soutien aux familles en se faisant filmer sur les lieux. Une exploitation éhontée de la détresse des autres pour se mettre en valeur, avaient estimé certains internautes et parents.

Il reste qu'entre contraintes financières et sentiments humains, la limite reste toujours la loi. Depuis le 13 mars au soir, un décret présidentiel instaure trois journées de deuil national dans tout le pays. En clair, aucune manifestation ni sportive, ni culturelle de masse n'est permise dans cet espace de temps. Logiquement donc et sauf à engager un bras de fer avec l'Etat ou à obtenir une improbable dérogation du président de la République, le spectacle de Direct Prod est réputé annulé.
Dura lex, sed lex 

Elzo Mvoula