Le 20 septembre dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, a officiellement réceptionné les nouveaux manuels scolaires destinés aux classes de 4e et 5e année. Cette initiative, bien que saluée, soulève d'importantes questions quant à la distribution de ces ouvrages dans les établissements de l’intérieur du pays, où les infrastructures et la logistique sont souvent des déficiences majeures.

Si certaines librairies de la capitale attendent toujours leurs livraisons, l’enjeu devient encore plus préoccupant pour les établissements des régions éloignées. La collection «Super Efficace », qui comprend environ deux millions d’ouvrages en mathématiques, français, histoire-géographie et sciences, doit être vendue aux élèves inscrits dans les établissements privés à un prix oscillant entre 5500 et 7000 FCFA à Libreville et entre 6000 et 7900 FCFA à l’intérieur du pays. Ce décalage de prix soulève déjà des plaintes des parents, qui redoutent que l’accessibilité des manuels ne soit compromise à cause de leurs coûts.

Cependant, au-delà des considérations financières, la question principale reste celle de la disponibilité des manuels dans les établissements publics de l’intérieur du pays. Bien que le ministre ait souligné que ces ouvrages seront gratuits pour les élèves du public, à ce stade de l’année scolaire, débutée depuis près d’un mois, plusieurs enseignants et élèves ne sont toujours pas en possession de ces nouveaux manuels.

Cette situation soulève des préoccupations légitimes : les enseignants auront-ils suffisamment de temps pour s’approprier ces nouveaux supports avant d’entamer les programmes ? Cette phase d'adaptation est cruciale pour que l’enseignement soit dispensé de manière efficace et en phase avec le programme pédagogique fixé pour l’année en cours.

Pour rappel, le calendrier académique révisé fixe le premier trimestre du 2 septembre au 30 novembre 2024. Ce délai réduit la marge de manœuvre des enseignants pour couvrir le programme dans son intégralité. Si les manuels tardent à être distribués, cela pourrait impacter non seulement le déroulement des cours, mais aussi la préparation des élèves pour les évaluations de fin de trimestre.

En conclusion, la distribution des manuels scolaires dans les établissements de l’intérieur du pays devient naturellement une course contre la montre. Si la volonté politique est manifeste, les défis logistiques pourraient compromettre l’efficacité de cette réforme, au détriment des élèves, déjà confrontés aux inégalités structurelles entre les régions.

Darrelle Mamba