Gabon : Entre les élèves et Ali Bongo, qui fait vraiment sa rentrée 2023 ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 05 sep 2022 / 0 commentaire(s)
Ali Bongo est sur tous les fronts. Est-ce vraiment au bénéfice de tous les Gabonais?

Annoncée ce matin, la rentrée des classes prévue par le gouvernement devrait avoir lieu ce lundi. Dans le brouhaha général de cette décision qui a surpris les familles, ceux qui ont pu acheter deux cahiers l’ont fait. Mais à côté, c’est l’activisme du président de la République qui fait croire à l’opinion que c’est « l’élève » le plus motivé au regard de ses visites de chantiers !

Les premières victimes de cette rentrée scolaire du mois de septembre seront sans doute les élèves orientés dans les établissements privés. En effet, comme tout le monde le sait, les élèves ayant obtenu leur entrée en 6e sont orientés par l’éducation nationale dans divers établissements, au mépris souvent des choix des enfants et de leurs parents. A cause du manque de places dans les collèges et lycées publics, l’Etat oriente certains élèves dans les établissements privés. Au début, ce mécanisme était bien tant que l’Etat prenait en charge les frais de scolarité. Or, depuis quelques années, l’Etat ne respecte pas ses engagements à l’égard des établissements où il envoie ses élèves. Conséquence, les établissements exigent aux parents d’élèves de s’acquitter de la totalité des frais de scolarité. 

A cet égard, un parent d’élève témoigne : « Les établissements dans lesquels l’Etat a orienté nos enfants ont décidé d’exiger la totalité des frais d’écolage en ce début d’année sans l’annoncer au préalable aux parents. La raison qu’ils donnent est que l’Etat ne les paie plus. Ainsi, nous passons de 120 000 Fcfa à 320 000 Fcfa au premier cycle du Cours Secondaire d’Ambourouet. De 140 000 Fcfa à 290 000 Fcfa au Lycée privé de Nzeng-Ayong fondation Mbele ».

Perchée dans ses bureaux ministériels, Camélia Ntoutoume Leclerc ne voit pas la galère qu’elle fait subir aux parents d’élèves et aux élèves. D’autant plus que parmi les élèves, certains resteront carrément à la maison. 

L’accueil des élèves a été programmé le 29 août dernier

Les deuxièmes victimes de cette rentrée de septembre sont les enseignants et chefs d’établissements. L’incongruité est bien connue, mais cela ne gêne point dames Rose Christiane Ossouka et Camélia Ntoutoume Leclerc. La rentrée administrative qui prépare le début des classes et donc l’accueil des élèves a été programmé le 29 août dernier. Mais, curiosité des curiosités, les nominations des chefs d’établissements et la horde administrative scolaire ont été publiées le 3 septembre. Allez-y comprendre ! A quel moment les nouveaux responsables d’établissement vont-ils préparer la rentrée des classes puisqu’ils sont d’abord préoccupés par leurs déménagements ? Ces déménagements ont eux-mêmes leurs problèmes : transport des biens et des membres de la famille, réinscription des enfants, recherche de logements, etc. Autant de choses qui, avec une bonne volonté d’une femme sérieuse, s’organisent en amont avant le début de l’année.

Tout est au brouillon

Camélia Ntoutoume Leclerc qui dit aimer « relever les défis » n’aura relevé aucun défi en cette rentrée scolaire. Tout est au brouillon au mieux, sinon à la négation de l’égalité des chances, au pire. Comment peut-elle garantir l’égalité des chances à tous les élèves quand elle organise autant de désordre ? Pendant que parents d’élèves et élèves sont dans la galère, la communication présidentielle organise un show à Ali Bongo. Depuis plus d’une semaine, il visite et inaugure des établissements et des salles de classe dans le Grand Libreville. A Ondogo, au PK13, au Premier Campement et au Cap Esterias, le chef d’orchestre de la majorité a montré qu’il était capable d’augmenter la capacité d’accueil des établissements et même de construire quelques établissements, même si c’est par des contorsions de prêts d’argent, notamment par le programme Pise. Au regard de ce show, d’aucuns se demandent si ce n’est pas Ali Bongo qui, en réalité, fait sa rentrée.

Rituel d’autosatisfaction par rapport à l’activité diplomatique du chef de l’Etat

Il suffit à cet égard de regarder son activité, courant août, à la présidence de la République. Le communiqué du Conseil des ministres n’a pas manqué à son rituel d’autosatisfaction par rapport à l’activité diplomatique du chef de l’Etat. Ayant reçu tour à tour le président sénégalais Macky Sall, le président centrafricain Faustin-Archange Touadera, le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, le président togolais Faure Essozimma Gnassingbe, il n’a pas arrêté de se mettre au-devant de la scène. L’enjeu, à n’en point douter, est de montrer à l’opinion nationale et internationale qu’Ali Bongo est aux commandes du pays. Dans la perspective de 2023, cela compte. Surtout que ce sont principalement les élections présidentielle, législatives et locales prévues se dérouler en 2023 qui ont justifié le chamboulement du calendrier scolaire. Ali Bongo est donc tout sourire, mais ce sourire ne ferme rien de la réalité catastrophique du pays, et encore moins de la crise des nerfs des parents d’élèves et des élèves en ce début de mois de septembre. Comme quoi la communication sparadrap ne montre que trop bien ce qu’elle veut cacher. Alors que les Gabonais vivent dans des conditions indignes d’un pays…pétrolier.

Elzo Mvoula

Article du 5 septembre 2022 - 6:43am
Article vu "en cours dév"

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