Gabon : Escalade verbale entre Jean Ping et le gouvernement

Par Nicolas NDONG ESSONO / 10 mar 2022 / 0 commentaire(s)
Jean ping s' attaque au régime d' Ali Bongo.

Au lieu de satisfaire les besoins primaires des populations, l’équipe Ossouka se perd en grandes envolées lyriques sur les propos prétendument qualifiés de « séditieux » de l’homme d’Omboué. Les dernières sorties des deux parties semblent avoir tendu un peu plus le climat politique dans notre pays. Du coup, toutes les interrogations sont sur la table.

On ne l’avait plus entendu avec ce ton si menaçant depuis plusieurs années. Mais depuis un peu plus de deux semaines, le président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), Jean Ping, par ailleurs candidat déclaré perdant à l’élection présidentielle de 2016, mais qui se considère toujours comme « président élu » du Gabon, a repris à donner de la voix. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a retrouvé sa verve et son ton des années 2016, 2017… Un ton plutôt menaçant à l’endroit du régime et de celui qui l’incarne Ali Bongo Ondimba.

Il y a quelques semaines, alors que l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) s’apprêtaient à se réunir à Bruxelles en Belgique, à la faveur d’un sommet conjoint, Jean Ping a effectué, contre toute attente, une sortie médiatique. Occasion pour lui de revenir sur le scrutin de 2016, d’aborder l’état de santé du président Ali Bongo Ondimba qui, selon lui, ne serait plus apte à exercer le « pouvoir usurpé » en 2016…

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que lundi dernier, cette fois dans une interview accordée à la chaîne française France 24, l’ancien président de l’Union africaine a remis ça ! Il est même allé plus loin en affirmant haut et fort que lui et ses ‘’soutiens’’ allaient « dégager par tous les moyens le président Ali Bongo Ondimba du pouvoir avant les élections générales de 2023 »…

Ce qui a plus surpris voire choqué, c’est l’expression « par tous les moyens ». Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement, par la voix de sa porte-parole, Madeleine Berre, réagisse.

Et c’est mercredi dernier que la native de Lambaréné est venue lire un communiqué clairement menaçant à l’endroit du principal opposant au régime d’Ali Bongo Ondimba. Qualifiant ses propos de « séditieux » et appelant nos concitoyens à la violence en vue susciter un coup d’Etat, et évoquant même la possibilité d’une guerre civile… ». Non sans déclarer que le gouvernement « se réserve le droit de porter plainte auprès des autorités judiciaires compétentes ». Mme Berre a souligné aussi que les propos de Jean Ping soulevaient par ailleurs « la responsabilité morale de France 24 en tant que diffuseur ». Y voyant même une « opération de déstabilisation »…

C’est certain que s’il s’était agi d’une chaîne privée gabonaise, elle aurait déjà été fermée par le gouvernement. Mais là, il s’agit d’un média public français. Le gouvernement soupçonnerait-il la France de velléités de déstabilisation ? Là c’est un autre débat.

La sortie du gouvernement laisse un goût d’inachevé quant à la suite qu’il entend donner aux propos de Jean Ping. Jusqu’à présent, Ali Bongo Ondimba et les siens ont choisi de laisser cet adversaire libre de ses mouvements au niveau national, en le privant de voyages à l’extérieur. Confirmant ainsi le caractère violent de ce régime. Cette fois, le gouvernement entend-il changer de stratégie ? Le gouvernement peut-il aller jusqu’à arrêter Jean Ping, en ignorant les conséquences d’un tel acte ? Incapable d’apporter le bien-être aux populations, l’équipe d’Ossouka fait dans la distraction.

Nicolas Ndong Essono

 

Article du 10 mars 2022 - 10:49am
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