Gabon : Grégory Ngbwa Mintsa célébré à Brainforest
Il était connu pour sa droiture, son courage et sa détermination à assumer ses convictions. Parti très tôt dans le monde du silence, ses familles lui ont rendu un vibrant hommage le jour de l’anniversaire de son décès.
Mort le 10 avril 2014, Grégory Ngbwa Mintsa a emmené du monde, dimanche dernier à Brainforest chez Marc Ona. L’homme emblématique et charismatique le vaut bien. Au menu de ces hommages, des conférences dont les orateurs étaient Auguste Eyene, Blanche Simony, Franck Ndjimbi, Georges Mpaga, etc., et des danses traditionnelles de marque fang qui ont soulevé les pieds d’une bonne partie de l’assistance. Tout cela avec la présence très remarquée de Justine Mintsa, grande-sœur de l’homme disparu et écrivaine par ailleurs qui a confessé avoir combattu Grégory N. Mintsa parce qu’il voyait en lui un petit-frère qui subissait des coups et des coups…
Les coups, le combat dans lequel s’était engagé Grégory ne pouvait guère l’en épargner tant le régime de Libreville est violent quand un quidam s’en prend à son bout de pain. Il avait d’ailleurs reçu le Prix de l’Intégrité de Transparency International pour s’être constitué partie civile dans la guerre judiciaire que l’association d’origine allemande menait contre les dictateurs africains pour les biens mal acquis dont ils se sont fait le patrimoine. Le nom d’Omar Bongo est cité dans cette sulfureuse affaire qui jette de l’opprobre sur le nom d’un homme qui souhaitait avoir le prix Nobel de la paix pour ses foireuses médiations en Centre Afrique. Se constituer partie civile permettait la justiciabilité et la judiciarisation de l’affaire des biens mal acquis et de faire peser sur le clan Bongo des poursuites judiciaires. Le dossier ouvert a permis de lister les biens d’Omar Bongo en France, héritage d’Ali Bongo et la suite. La communication de Franck Ndjimbi, ami de trente ans du célèbre activiste gabonais, a permis de revenir sur une notion inventée et chère à ce dernier, notamment le « patrimonicide », soit le crime du patrimoine. Autant de biens des Gabonais truandés par l’ancien chef d’Etat gabonais…
Pour la société civile, Grégory Ngbwa Mintsa est une figure de résistance essentielle. Il est à la fois une personne qui fédère mais aussi un modèle de lutte, constituant de fait un patrimoine vivant des luttes politiques et citoyennes au Gabon. Puissent les Gabonais voir bientôt l’alternance et le respect de leur patrimoine. La journée s’est achevée sur une note heureuse avec danses et chansons.
Elzo MVOULA
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