Décédé lundi 7 février 2022 au CHUL, de suite, dit-on d’un AVC, « matricule 001 », comme on le surnommait, laisse sa famille biologique et la communauté des partisans de changement orphelins.

Très tôt ce lundi matin, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe : « Hervé Mombo Kinga vient de nous quitter, ce jour ». Tant l’homme était une voix qui portait contre le régime répressif en place et surtout un lutteur infatigable des libertés. D’ailleurs, arrêté le 31 août 2017, en marge d’un rassemblement d’opposants à Libreville – lesquels contestaient la réélection d’Ali Bongo dans des conditions abracadabrantesques – « matricule 001 » n’avait été libéré que le mardi 05 février 2019.

Détail important et signe des grands hommes : comme si, en communion avec les anges célestes, Hervé Mombo Kinga voulait montrer à l’opinion nationale et internationale que ses 17 mois de détention à la prison centrale de Libreville l’ont complètement détruit, il a choisi un « lundi » et un mois de « février » pour rejoindre le monde du silence. D’autant que, le 6 février 2019, son avocat, Me Anges Kevin Nzigou précisait à l’AFP que « l’ordre de mise en liberté (d’Hervé Mombo Kinga, Ndlr) a été signé lundi » et « il a été libéré mardi 5 février 2019 ». C’est dire ! D’aucuns parleront de simple hasard mais ne dit-on pas que le hasard existe lorsque Dieu veut rester anonyme ? Passons !

Pour sûr, à l’instar d’autres compatriotes qui aiment profondément leur pays, Hervé Mombo Kinga prend la porte de l’Est sans voir la terre promise. De partout, les hommages pleuvent. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes parlent de l’homme comme un modèle « de bravoure », « de patriotisme », « d’obsédé de justice », « de lutteur infatigable pour les libertés ».

Dans ce concert de louanges, Me Anges Kevin Nzigou, son avocat, a posté sur sa page Facebook un message touchant dont voici l’intégralité : « J’ai appris assez tard, le décès ce jour de Mombo Kinga Hervé matricule 001. Un résistant acharné pour la liberté et l’Etat de droit dans notre pays. C’était l’un des combattants les plus irréductibles que j’ai eu le plaisir de côtoyer. En tant qu’avocat il a été un client d’une dignité parfaite.

Il a passé plusieurs mois en détention, dans des conditions parfaitement inhumaines. Et en ma qualité d’avocat, je reste amer sachant que son incarcération a indéniablement porté atteinte à son état général de santé. Le groupe de travail de l’ONU contre la détention arbitraire avait d’ailleurs demandé que des examens approfondis soient pratiqués aux frais de l’Etat et qu’une indemnisation lui soit allouée. Bien entendu l’Etat défenseur incantatoire des droits de l’Homme a naturellement ignoré ces recommandations.

Cette mort de trop doit nous interpeller et quel que soit notre bord politique nous questionner sur la société dans laquelle nous voulons vivre et la place de l’humain dans celle-ci. Je garde une phrase pleine de sens à sa sortie de prison après 17 mois de détention arbitraire « la justice gabonaise a encore du chemin » !

J’adresse naturellement à sa famille et particulièrement à son fils qu’il aimait tant mes condoléances et les assure de ma parfaite solidarité ».

Hervé Mombo Kinga, les combattants ne meurent jamais ! 

Dess BOMBE