Gabon : « J’ai rendu visite à Brice Laccruche Alihanga et Tony Ondo Mba »
La prison centrale de Libreville symbolise la cruauté du Gabonais envers le Gabonais. En pénétrant ce lieu, même s’il avait son idée sur la question, l’expert financier ignorait probablement le degré d’indignité dans lequel vivaient les prisonniers. A sa sortie, en plus d’avoir « les larmes aux yeux », Willy Ontsia a été plus que jamais traumatisé. Et pourtant, dans son préambule, la Constitution gabonaise « affirme solennellement son attachement aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, tels qu'ils résultent de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 et par la Charte nationale des libertés de 1990 ». Dans les faits, c’est plus qu’une tragédie. Voici le récit de son « odyssée » dans un univers où « le prisonnier » n'est « rien » et peut subir des tortures « inqualifiables ». Accrochez vous et surtout prenez vos mouchoirs ! Lecture
Plaidoyer pour des conditions carcérales plus humaines et une justice souveraine et impartiale sans interférence politico-ethnique
La sagesse biblique nous enseigne qu’il ne faut jamais se réjouir du malheur des autres et qu’il faut savoir pardonner et éviter tout jugement hâtif.
En tant que chrétien, j’ai fait appel à mon humanité en allant solliciter, auprès de la Cour d’appel judiciaire de Libreville, le droit de rendre visite à plusieurs détenus, y compris mes anciens collègues du secteur privé, notamment Sieurs Brice Laccruche Alihanga et Tony Ondo Mba, emprisonnés pour des faits présumés d’une extrême gravité, à savoir le détournement de fonds publics.
Pour rappel, l’année dernière, j’avais initié une démarche similaire pour partager l’Évangile et apporter mon soutien moral à mon ami d’enfance, le prisonnier politique Bertrand Zibi Abeghé, avec qui j’ai grandi au quartier derrière le Carrefour-Hassan.
En tout temps, sans préjuger des suites judiciaires et sans cautionner les actes commis par les intéressés, ma démarche a toujours été motivée par la volonté d’apporter une once d’humanité à ces personnes incarcérées en lien avec l’éducation chrétienne que j’ai reçue.
A ce propos, je tiens tout d’abord à remercier la haute institution judiciaire qui, sans aucune entrave, m’a accordée les permis de visite me permettant de communiquer avec Brice Laccruche Alihanga et Tony Ondo Mba. Parallèlement, je témoigne également de l’accueil courtois manifesté par les agents de la sécurité pénitentiaire vis-à-vis des visiteurs.
Compte tenu de ma culture, je m’impose systématiquement un droit de réserve, ce qui explique que je garderais le secret de mes échanges avec les personnes susmentionnées dont c’était la première visite accordée depuis plus de trois mois.
Cependant, à titre humanitaire, je voudrais témoigner de l’état d’amaigrissement inquiétant et de l’extrême fatigue de Sieur Brice Laccruche Alihanga qui pourraient laisser penser, à tort ou à raison, que lui et ses compagnons d’infortune (Justin Ndoundangoye, Ike Ngouoni, Christian Patrichi Tanasa) auraient pu subir des conditions d’incarcération mortifère.
Aussi, à toutes fins utiles, je tenais à faire cette note pour rappeler que la Constitution de notre pays, le Code pénal et la Charte internationale des droits de l’Homme ratifiée par la République gabonaise :
- garantissent à tout prisonnier le respect de l’intégrité de la personne, y compris le droit d’être détenu dans des conditions décentes à l’abri des atteintes liées à des privations arbitraires ;
- interdisent la torture et autres châtiments ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- autorisent le droit à un procès public, équitable et impartial hors de toute ingérence politique et des considérations ethniques.
Aussi, voudrais-je lancer un appel au respect de la dignité humaine de toutes personnes incarcérées dans notre pays, et je prie que l’Etat gabonais fasse preuve d’humanité envers tous les prisonniers, sans exception, car nous sommes un peuple civilisé et respectueux de la condition humaine.
In fine, je dirais que ce plaidoyer est un cri du cœur pour une justice plus souveraine, pour une amélioration des conditions de vie de la population carcérale, pour l’arrêt des arrestations ciblées dénoncées par l’opposition politique ( à l’exemple du syndicaliste Jean Rémi YAMA) et pour plus d’humanité dans le traitement de toutes les personnes mises aux arrêts.
*Membre de la Communauté chrétienne du Gabon
Analyse financier et ex-banquier d’affaires.
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