Gabon : La HAC ferme pour un mois « La Cigale Enchantée ».

Par Nicolas NDONG ESSONO / 16 avr 2021 / 0 commentaire(s)
L'hebdomadaire La Cigale Enchantée suspendu pour un mois par la HAC.

L'organe de régulation des médias, la Haute autorité de la communication (HAC), qualifiée de « bourreau des médias » par plusieurs observateurs et des ONG, a suspendu jeudi l'un des hebdomadaires les plus lus du pays.

Et revoilà la HAC, pourrait-on dire ! Muette – au titre des sanctions – depuis quelques mois, la HAC revient au-devant de la scène pour offrir aux Gabonais ce qu’elle sait faire par dessus tout : suspendre les médias. Par décision N°001/HAC/2019, du 15 avril 2021, la HAC a suspendu pour un mois l’hebdomadaire « La Cigale Enchantée ».Elle lui reproche le contenu d’une « série d’articles notamment en page 3, article intitulé : Obsèques de Gildas Iloko : le pouvoir fait interdire l’exposition du corps au PK 6 : La persécution jusque dans l’au-delà et en page 8 : « Les dossiers noirs du bongoïsme (Acte 1) : Hervé Moutsinga ou le scandale enfoui des déchets nucléaires ».

Le contenu de ces deux articles n’a pas plu au président par intérim de la HAC, Mabendi Nzatsimbou, qui, en vertu de l’article 55, qui lui donne les pleins pouvoirs de prendre d’autorité les sanctions qu’il juge nécessaires contre un journal, a décidé « de l’interdiction de parution, d’une durée d’un mois du journal la Cigale Enchantée ». Une sanction dont la célérité interroge. D’autant plus que paru la veille, le journal a été suspendu moins de vingt-quatre heures plus tard. C’est dire. Taxée de « machine à sanctions, piochant dans l'arsenal législatif », de « bourreau des médias »… par Reporters sans frontières (RSF), la HAC s’illustre depuis sa mise en place en 2018 par des sanctions très sévères contre les médias libres. Ainsi, au regard de cette tendance, le Gabon régresse dangereusement dans le classement de RSF en matière de liberté de la presse, passant de la 95e position sur 180 pays en 2013 à la 115e en 2019.

Les suspensions à répétition questionnent notre système démocratique, dont la liberté de la presse serait « le maillon faible ». C’est pourquoi, les statuts de la HAC – laissant la possibilité au seul président de décider de tout - méritent un dépoussiérage.

 

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 16 avril 2021 - 2:22pm
Article vu "en cours dév"

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