Gabon : L’avènement des jeunes au pouvoir ou l’échec d’une intégration mal ficelée ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 02 juin 2023 / 0 commentaire(s)
Ali Bongo s'était-il trompé dans son casting en s'entourant de jeunes blancs-becs, comme ceux de l'ex-AJEV, avec à leur tête Brice Laccruche Alihanga ?

Dès son arrivée au pouvoir en 2009, Ali Bongo, pour contourner, les caciques du parti légué par son père, a voulu travailler avec les jeunes. Mais ces derniers, mal préparés, ont cru qu’il les appelait pour piller le pays, et causer du tort aux autres Gabonais. Et c’est ainsi que la revitalisation a tourné au désastre.

L’une des grosses déceptions des deux mandats d’Ali Bongo à la tête du Gabon, aura été l’action des jeunes qu’il a appelés à ses côtés. Pourtant ce n’était pas une mauvaise chose, que d’injecter du sang neuf dans l’appareil de l’Etat, vu que la génération de son père, Omar Bongo Ondimba, était déjà vieillissante, mais avait tout de même encore de la ressource. Et surtout l’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat. Elle pouvait donc constituer une muse pour beaucoup de jeunes. Mais hélas ce ne fut pas le cas.

Car propulsés dans les arcanes du pourvoir, les jeunes, sans expérience, ont malheureusement exigé qu’on leur fasse place nette. En clair, que les vieux qu’on appelle encore « les caciques » prennent leur retraite. « On ne fait du neuf avec du vieux », dira, sans nuance, Ali. Akbar Onanga y’Obégué, à la place des fêtes de Franceville, obligeant quelques dignitaires à quitter les lieux.

Ils ont d’ailleurs cherché à violer les codes de la République et surtout à liquider le Parti démocratique gabonais (PDG) qui tirait et continue de tirer sa force sur les caciques. Mais ils ont dû reculer aussi sec, après la sévère mise en garde de l’ex-secrétaire général du PDG, Eric Dodo Bounguendza, « contre ces jeunes qui veulent s’amuser avec l’esprit du PDG ». C’était lors d’une tournée qu’il effectuait, en 2019, dans le Haut-Ogooué.

Manque d’expérience, mais aussi manque d’humilité, avec parfois des égos surdimensionnés, ils ont voulu tous les pouvoirs, tout de suite, pour en user, en abuser et faire dans le trafic d’influence. Ils ont été aidés, en cela, par quelques victoires électorales. Qui leur ont permis de déferler à l’Assemblée nationale, dans les mairies et les Assemblées départementales.

Arrogants et méprisants, ces jeunes le sont également. Eux qui ont un goût prononcé pour de l’argent, se sont, pour beaucoup, enrichis à une vitesse inouïe. Comme si pour eux c’était « le moment ou jamais de s’en mettre plein les poches ». Oubliant que la gestion d’un pays obéit à des règles bien précises. Or, parallèlement à cet enrichissement illicite, le pays est, comme par hasard, aujourd’hui lourdement endetté, alors que dans le même temps, la corruption a atteint des proportions inquiétantes au Gabon, qui est classé 136e selon Transparency international. Et nombreux sont les jeunes qui sont écroués à la prison centrale pour détournement de fonds et concussion. Autant dire un véritable désastre !

Visiblement, ces jeunes n’ont pas été préparés avec soin pour occuper de hautes fonctions. On ne devient pas homme d’Etat ex abrupto. Et ne devient homme d’Etat qui veut. Il faut apprendre aux côtés des anciens, les mieux placés pour transmettre l’héritage reçu des pères fondateurs. L’ex-président du Mouvement de redressement national (Morena), feu Simon Oyono Aba’a, disait que « le vieux qui est assis voit plus loin que le jeune qui est debout ». Et cela a toujours été ainsi.

Elzo Mvoula

Article du 2 juin 2023 - 10:42pm
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