Gabon : Le changement de Premier ministre est-il la solution pour mettre fin à la cacophonie actuelle ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 20 jan 2022 / 0 commentaire(s)
Rose Christiane Ossouka limogée, la situation risquerait d'être la même sans un changement de système de gouvernance.

Si la dame du 3ème arrondissement passe ses derniers moments à la Primature, à en croire la clameur populaire, beaucoup questionnent la suite du changement annoncé. Tant il risque de ne pas régler les problèmes de fond. Voici pourquoi !

Une chose est sûre et certaine : Rose Christiane Ossouka Raponda est désormais un Premier ministre du passé et dépassé par les évènements. Elle n’a résolu aucun problème, elle en a même empiré. Tous les secteurs d’activité sont sens dessus dessous. Les pleurs et les larmes perlent sur tous les visages des Gabonais. Du coup, dit la clameur populaire, par « pudeur » elle devrait rendre son tablier. L’ancien ministre de la Défense a échoué à tous les niveaux. Voilà pour l’évidence ! Voilà pour la réalité !

Toutefois, une question demeure : le limogeage tant attendu et souhaité de Rose Christiane Ossouka Raponda annonce-t-il la fin des problèmes pour les Gabonais ? Pas du tout ! Même si, dans un laps de temps, cela va susciter les commentaires, il serait difficile d’espérer autre chose que ce que nous vivons aujourd’hui. Pour preuve, depuis 2009, Ali Bongo Ondimba a opéré un turn-over impressionnant à la fonction de Premier ministre. Des pointures, mais vraiment des pointures, sont passées par là, sans résultat probant ; notamment Paul Biyoghe Mba, Raymond Ndong Sima, feu Emmanuel Issoze Ngondet ; il ne faut pas compter Daniel Ona Ondo et Julien Nkoghe Bekalé, de simples accidents de l’histoire de la Primature dans notre pays. 

Comme on le voit, le problème du Gabon est loin d’être celui du changement d’homme, bien que nécessaire à la Primature. Il est plutôt lié à la structuration du système Bongo-PDG dans ses fondements. Lequel a été conçu, non pas pour développer le Gabon mais pour servir de colonie d’exploitation aux puissances étrangères laissant le soin à la nomenklatura régnante la possibilité de se servir au passage à satiété. Ce qui crée le blocage actuel et pousse de plus en plus le Gabon vers une situation explosive décrite par les Ngoyo Moussavou, Maganga Moussavou et compagnie. C’est dire !

C’est pourquoi, n’ayons pas peur des mots, Ali Bongo, depuis 13 ans déjà, a montré suffisamment ses limites ; il ne peut plus assurer « le bien-être » à ses compatriotes ni développer le Gabon malgré les richesses du pays. Parallèlement, le potentiel de nuisance d’Ali Bongo n’est même pas entièrement exploré, la situation pourrait être pire s’il reste sans rien faire. Et les Gabonais paieraient le prix fort de cette situation.

Peu importe donc l’angle d’observation, malgré des tentatives à gauche et à droite du pouvoir en place, le Gabon glisse dangereusement vers plus de chaos. Certains événements actuels nous parlent. C’est le cas des palabres autour de la participation des Panthères à la CAN 2022 au Cameroun, de l’imbroglio autour d’un Conseil des ministres annoncé officiellement puis reporté officieusement, la colère qui monte de partout…

Face à une telle situation, il ne reste à Ali Bongo qu’une seule alternative pour se sortir indemne de ce bourbier et éviter un embrasement général du pays : réunir tous les Gabonais autour d’une table en convoquant un dialogue inclusif qui devrait déboucher sur une transition pour permettre de repenser complètement le modèle actuel de la société gabonaise. Sans cela, le limogeage de Rose Christiane Ossouka Raponda est loin d’être la bonne réponse à la forte tension actuelle au Gabon. 

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 20 janvier 2022 - 9:26am
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