Gabon : Le Snec s’insurge contre la détention « arbitraire » de Jean Remy Yama
Arrestation « illégale ». Garde à vue « arbitraire » dans les locaux du B2 qui se sont soldés par un transfert à la maison d’arrêt de Libreville le mercredi 2 mars, après un passage devant la juge d’instruction.
Voilà en quelques mots, l’odyssée qui a abouti à l’incarcération de Jean Rémy Yama, président de Dynamique unitaire (Du), l’une des centrales syndicales les plus influentes et les plus représentatives du pays. Cette incarcération, que les membres de Dynamique unitaire et du Snec considèrent comme une incarcération de trop, n’a pas fini de faire couler encre et salive. A l’extérieur comme à l’intérieur du Gabon, l’événement continue à créer colère, frustration et indignation. À ce propos, le Syndicat national des enseignements-chercheurs (Snec), dont Jean Remy Yama est le président, n’est pas resté inactif. Tant s’en faut. Ce vendredi 4 mars, le Snec est monté au créneau pour condamner, avec la dernière énergie, ces agissements d’une autre ère. Les auteurs de ces exactions pensent ainsi affaiblir l’impétuosité des multiples mouvements de grève observés dans le pays.
Les raisons qui ont conduit à l’incarcération du leader de DU abasourdissent plus d’un observateur et singulièrement ses compagnons de lutte syndicale. En effet, ceux-ci disent ne pas comprendre pourquoi depuis le 2 mars dernier, leur collègue Jean Rémy Yama est à « Sans famille », alors que les plaintes déposées par les nommés Thierry Blanchard Ekogho et Ibrahim Touré Abdouramane, à l’origine de cette action judiciaire, seraient pourtant classées sans suite par l’ancien Procureur de la République, Olivier N'Zahou.
Dans cette affaire aux allures de « règlement de compte », le Snec relève la violation flagrante de certaines dispositions constitutionnelles. Notamment l’article 1er alinéa 3 de la Constitution qui déclare : « La liberté d’aller et venir à l’intérieur du territoire de la République gabonaise, d’en sortir et d’y revenir est garantie à tous les citoyens gabonais, sous réserve du respect de l’ordre public ». Aussi, dans le même article à l’alinéa 23, il est clairement indiqué : «(…) Nul ne peut être gardé à vue ou placé sous mandat de dépôt s’il présente des garanties suffisantes de représentation sous réserve des nécessités de sécurité et de procédures ». Or, le mandat de dépôt dont Jean Remy Yama fait l’objet n'aurait pas respecté les dispositions de l’article cité de la loi fondamentale.
Outre toutes ces violations des libertés individuelles, le Snec déclare ne pas comprendre l’implication du B2 dans les affaires qui relèvent du droit commun. Face à ce qui paraît désormais comme un acharnement contre leur leader et la violation de ses droits, le Syndicat national des enseignants et chercheurs appelle à la mobilisation de tous les enseignants en vue de la libération de leur camarade. Dans le même élan, le Snec invite « la présidente de la Cour constitutionnelle, garante des lois fondamentales de la personne humaine et des libertés publiques, à veiller au respect des libertés constitutionnelles ». Par le même effet, le syndicat, par la voix de sa vice-présidente, Nathalie Sima Eyi, demande à l'institution judiciaire de veiller au strict respect des procédures.
Nicolas Ndong Essono
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