Gabon : Les avocats de Patrichi Tanasa veulent-ils toucher le clan Bongo ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 25 juil 2022 / 0 commentaire(s)
Les avocats Kevin Nzigou et Calvin Job confiants pour la suite de l'affaire.

Me Anges Nzigou et Me Calvin Job, avocats de Patrichi Tasana, ont animé une conférence de presse au cabinet Kalmie Avocats Associés sis en face du cercle Pompidou dans le quartier la Sablière, samedi dernier. Il était question de donner des précisions sur leur client dont la peine semble toujours incompréhensible. S’étant pourvus en cassation, ils espèrent que leur client y sera totalement blanchi. 

Dans cette affaire, tout étonne les avocats. D’abord le volume initial des sommes d’argent supposément détournées par Patrichi Tanasa. Ensuite la peine de 12 ans, un délibéré qui ne tiendrait pas compte du vide du dossier d’accusation. Et enfin, le silence de la justice qui n’appelle pas à la barre tant de personnalités citées soit comme commanditaires soit comme bénéficiaires. Selon toute vraisemblance, les ordres de décaissement venaient de la présidence. Pire, Nourredin Bongo, fils d’Ali Bongo, tout comme la fondation Sylvia Bongo Ondimba de la première Dame, recevaient l’argent de la Goc, soit sous forme de primes pour le premier soit sous forme de don pour la seconde. Et les ministres cités ? Les juges ont-ils considéré que Patrichi ne disait pas la vérité et qu’il ne voulait pas tomber seul ou, mus par d’autres intérêts, préfèrent-ils ne pas provoquer le clan d’Ali Bongo ? 

Samedi dernier en tout cas, face à ce qu’ils considèrent comme une injustice au cœur même de la justice, les avocats ont annoncé leur pourvoi en cassation et se montrent optimistes quant à l’issue du procès à venir. Un brin ironique, revenant sur le procès à la Cour criminelle, Me Anges Kevin Nzigou s’est montré étonné de la valeur d’argent présumée détournée par son client :  

« Nous avons passé deux années de détention difficile et arbitraires, et près de trois ans d’enquête impossible pour finalement débattre pendant quelques heures sur 100 millions de FCFA distribués sur instruction de la présidence de la République aux membres d’une commission spéciale ayant travaillé en juillet 2019 sur le dossier relatif au risque de pénurie en produits pétroliers, et sur un peu plus de 23 millions de FCFA pour la location d’un hélicoptère ayant servi à l’ancien directeur de cabinet du président de la République. Il ne s’est donc pas agi des fameux 85 milliards qu’aurait détournés notre client », s’est offusqué Me Anges Nzigou.

Les avocats de Patrichi Tasana ont tenu à rappeler que leur client avait fait plusieurs dons sur l’ensemble du territoire. Ce qui devrait compter lors de la décision finale en cassation. Ils parlent d’une somme de 4 milliards de francs CFA dépensés par de dernier. « Il faut, au titre des dons et mécénat, préciser que pour l’ensemble de sa gestion (2018-2019), M. Tanasa a décaissé la somme de 4,655 milliards de FCFA, alors que la seule année de 2017, M. Arnaud Engandji avait décaissé 4,673 milliards », a déclaré Me Calvin Job, l’autre avocat de l’ancien homme fort de Gabon oil Compagny.

Fort de ce qui précède, on espère que la justice pourrait revoir le cas de ce dernier qui, à ce qui se dessine, pourrait porter la responsabilité de la gabegie financière seul. Alors que Patrichi Tanasa a cité plusieurs noms ayant commandité la sortie de cet argent ou bénéficié de cet argent, les avocats et l’opinion publique ne comprennent pas pourquoi ces derniers ne sont pas interpellés. 

Vichanie Mamboundou 

Article du 25 juillet 2022 - 10:06am
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !