Gabon : Me Lubin Ntoutoume rate son Guet-apens contre Me Gisèle Eyué Bekalé

Par Brandy MAMBOUNDOU / 12 juil 2022 / 0 commentaire(s)
Le Barreau du Gabon doit relever le défi de la promotion de l'éthique.

Depuis la dénonciation de la directive du Conseil de l’Ordre demandant aux avocats de ne plus plaider les audiences, suite à l’incarcération de Me Irénée Mezui, cette avocate obnubilée par le respect de l’éthique, est l’objet de toutes les tracasseries. Suspendue provisoirement d’exercer sa profession le 23 mai 2022, elle a été réhabilitée le 27 juin dernier, par une décision du Conseil d’État.

L’affaire ne fait sourire personne. Tant, à l’observation du fonctionnement du Gabon aujourd’hui, on cherche à savoir quelle Nation les générations actuelles légueront à celles de demain. La violence, au nom des fonctions, est désormais érigée en actes normaux de gouvernance d’un ministère, d’une direction générale, d’une association ou d’une entité corporatiste. C’est le cas du Conseil de l’ordre des avocats. Là-bas, plus qu’auparavant, c’est le règne de la pagaille. Un exemple !

Le 9 mars 2022, le tribunal de l'Ogooué-Maritime écrouait Me Irénée Mezui, pour escroquerie présumée d'une somme de 700 millions de francs au détriment de la Société gabonaise de raffinage (Sogara). Un fait qui venait rappeler d’autres affaires impliquant ces hommes en toge, dossiers qui ne connaissent aucune suite. D’autant plus qu’à tort ou à raison, la clameur populaire soupçonne le bâtonnat de protéger certains de ses membres indélicats. Mais bon, passons !

Décider du boycott des sessions de la Cour criminelle

Toujours est-il que la mise sous mandat de dépôt de Me Irénée Mezui va provoquer une levée de boucliers « du parrain » Me Lubin Ntoutoume et des membres « du clan » de l’Ordre des avocats. Lesquels vont décider du boycott des sessions de la Cour criminelle. Une démarche qui est loin de plaire à tous les adhérents à cette organisation. Si Me Jean-Paul Moubembé est suspendu provisoirement 6 mois pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux cette manière de faire, Me Gisèle Eyué Bekalé décide de carrément assigner l’Ordre des avocats devant le Conseil d’État le 4 avril 2022, par un recours « aux fins de sursis à exécution et annulation de cette décision ».

Sacrilège ! oh sacrilège ! Pour le bâtonnier Me Lubin Ntoutoume et son bureau du Conseil de l’Ordre, ce recours constituait « un manquement grave aux obligations liées au serment des avocats, mais aussi une défiance à l’égard d’une décision du Conseil de l’Ordre ». Conséquence, le lundi 30 mai 2022, par note d’information N° 46, « Le secrétariat de l’ordre porte à votre connaissance que par délibération en date du 23 mai 2022, le Conseil de l’Ordre a suspendu provisoirement pour une durée de 3 mois Maître Gisèle Eyué Bekalé de l’exercice de ses activités d’avocat ».

Me Gisèle Eyue dans ses droits et dans son honneur

Connaissant ses droits, et pour ne pas s’en laisser conter, celle que l’on surnomme dans ce milieu « l’empêcheuse de tourner en rond » prend sa plume et saisit le Conseil d’État. Ainsi, après l’examen de ce dossier, Paul Elie Bakale, président de la Chambre Contentieuse Spéciale et ses pairs, de cette entité judiciaire, réhabilite Me Gisèle Eyue dans ses droits et dans son honneur. Ni plus ni moins, « La décision n°004/CO/2021-2022 du 23 mai 2022, par laquelle le Conseil de l’Ordre des avocats du Gabon a prononcé la suspension provisoire de Maître Gisèle Eyué Bekalé pour une durée de trois mois, est nulle et de nul effet ». Réagissant à cet arrêt, le 30 juin dernier chez notre confrère Gabonreview, Me Gisèle Eyué Bekalé estime que : « le Conseil d’État a annulé cette décision parce qu’elle était illégale ». Et d’ajouter : « on m’a suspendu parce que j’ai fait un recours contre une décision du Conseil de l’Ordre des avocats qui interdisait à tous les avocats du Gabon de prendre part aux sessions criminelles en cours et à venir ».

Dès lors, dans l’opinion les commentaires ne manquent pas. Aussi, pour bon nombre de compatriotes, les démarches lancées par Me Gisèle Eyué Bekalé sont toujours frappées du bon sens. Même si elle avait été déboutée par le même Conseil d’État pour avoir réclamé la communication de documents justifiant que les 32 avocats postulants sont des juristes qualifiés, empêchant ainsi leur prestation de serment depuis le 30 octobre dernier, elle peut, aujourd’hui dormir du sommeil du juste. Le guet-apens tendu par Me Lubin Ntoutoume et les autres membres du Conseil de l’Ordre a échoué.

Au regard de tout ce qui précède, il y a lieu de se poser deux questions qui tombent sous le sens : est-ce parce qu’on appartient à un même ordre que l’on doit couvrir les actes illicites des confrères à la moralité douteuse ? Peut-il exister une disposition régissant le fonctionnement d’une organisation quelconque qui interdirait à l’un de ses membres de saisir les instances habiletés s’il se sent lésé ? A chacun, devant son miroir, de répondre à ces questions. 

Elzo Mvoula

Article du 12 juillet 2022 - 11:06am
Article vu "en cours dév"

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