Gabon : Michel Essongue et les membres du Haut-Commissariat de la République invisibles…
Dans un climat sociopolitique des plus délétères, et au regard des lendemains incertains pour la Nation, les Gabonais espéraient des signaux forts de cette entité de la présidence de la République sur des sujets brûlants. Plusieurs mois après sa mise en place, le doute est permis.
Lorsque, au Conseil des ministres du 4 mars 2022 Michel Essonghe est nommé Haut-commissaire général à la présidence de la République, les Gabonais ont retenu leur souffle. Dans la rue et les salons feutrés, bon nombre de compatriotes ont crié « hourra ! » car, disaient-ils, « enfin, il était temps ! » ; « c’est le bon choix » ; « c’est l’éponge qu’il fallait pour absorber toutes les impuretés d’une gouvernance chaotique du Gabon par Ali Bongo depuis 2009 », etc. D’où cette interrogation aujourd’hui : pourquoi la nomination de Michel Essonghe avait-elle suscité autant d’enthousiasme ?
Pagaille ambiante
Au scanner du pedigree du personnage, les Gabonais reconnaissent sa tempérance, son sens de la mesure et de la retenue. Des valeurs diamétralement opposées à ce qu’ils vivent depuis 2009 avec l’avènement par effraction d’un Ali Bongo au pouvoir. Lequel, dénué des capacités et compétences en matière de gestion d’un État, a instauré la violence, sous toutes ses formes, comme mode de gouvernance. Un esprit contraire à l’ADN des Gabonais. Après la nomination de Michel Essonghe, on rêvait donc ici et là des actes forts. Or, 5 mois plus tard, les mêmes peurs n’ont pas quitté le cœur des Gabonais avec cette question lancinante : sommes-nous condamnés au suicide collectif ?
Selon nos informations, le Haut-Commissariat de la République (HCR) est en proie à plusieurs problèmes. Notamment l’absence d’un texte organique. Sur ce point précis, au moment où nous mettions sous presse, personne ne sait avec exactitude la localisation géographique du siège de cet organe. Les uns disent qu’il est logé « au bureau du président de la République ». D’autres avancent que « c’est au cabinet du président de la République », ou encore « au secrétariat général », avant, finalement, de s’entendre dire : « On ne sait où il se trouve, mais recherchons au début », se désole une source proche de cette entité administrative. Mais pourquoi tant de discrétion ?
Pire encore, dans cette pagaille ambiante, « on » demande des noms aux membres du HCR pour pourvoir leurs cabinets. Question : est-ce cohérent de nommer des fonctionnaires sans préalablement doter la structure d’un texte organique ? Mais bon, passons ! En réalité, actuellement, les membres de cette entité rattachée à la présidence de la République disposent d’un bâtiment dont les travaux et l’équipement des bureaux se feraient « à dose homéopathique ». Ils n’auraient comme cadre de travail qu’une grande salle de réunion où ils peuvent recevoir, à tour de rôle, « ceux qui sollicitent leur concours ».
Une action globale salutaire
Mais « comment instruire les dossiers importants dans de telles conditions ? », s’interroge un citoyen gabonais très intéressé par la bonne marche de cette administration. D’autant plus que la situation globale du Gabon est inquiétante. Notamment le maintien en exil des Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, Séraphin Moundounga, Alfred Mabika Mouyama, Alfred Nguia Banda, Wilfrid Okoumba, Ludovic Ognagna, Thibault Adjatys…ou le volet des détenus politiques, comme Bertrand Zibi Abeghe, qui reste une nébuleuse judiciaire.
Sur ces différents points, au lieu de « trier » les personnes à recevoir, comme ce fut le cas avec Charles Mba, une action globale et d’envergure serait salutaire. C’est pourquoi, l’implication de « ces expérimentés et sages » de la République participerait à ramener la sérénité dans les cœurs. Il est donc temps que le HCR soit mis très rapidement en orbite pour éviter les nuages sombres qui se profilent à l’horizon.
Elzo Mvoula
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