Le week-end dernier, le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a été reçu par Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, chef de l’État. Cette rencontre revêt une importance particulière en ce qu’elle s’inscrit dans un contexte de réévaluation des relations entre le Gabon et l’Union Africaine, après la prise de pouvoir par les militaires.

L’accession des militaires à la tête du Gabon, le 30 août 2023, qui a entraîné la chute de l’ancien régime, avait effectivement suscité des réactions contrastées sur la scène internationale. Bien que l’action ait été perçue par plusieurs Gabonais comme une libération du pays d’un régime qualifié d’autoritaire, elle ne s’alignerait malheureusement pas avec les principes démocratiques universels, notamment en raison de l’absence d’une transition issue d’une élection.

L’Union africaine, les Nations-Unies et d’autres institutions régionales et internationales promeuvent la gouvernance démocratique, où les transitions au pouvoir doivent se faire selon les textes constitutionnels. Ainsi, malgré les intentions affichées des nouvelles autorités gabonaises de réformer et de restaurer un Etat de droit, la méthode utilisée pour accéder au pouvoir n’auraient pas respecté les normes acceptées en matière de gouvernance démocratique.

Les sanctions diplomatiques, la suspension du Gabon de certaines instances régionales ou internationales, ainsi que les appels à un retour rapide à l’ordre constitutionnel témoignent de cette dissonance entre l’ordre interne du pays et les attentes de la communauté internationale. Toutefois, ces institutions pourraient ajuster leur position en fonction des avancées concrètes vers une transition démocratique et inclusive annoncée par les nouvelles autorités.

Lors de sa rencontre avec le président de la Transition gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé sa satisfaction sur l’évolution de la situation de la Transition au Gabon. Il a souligné que l'Union Africaine soutenait pleinement le processus en cours et qu’elle apporterait son accompagnement, en particulier pour l’organisation des consultations nationales à venir.

Moussa Faki Mahamat a également salué le respect du chronogramme de la Transition, souligné par l’élaboration d’un projet de Constitution comme une étape essentielle en vue du référendum à venir. Ce projet est perçu comme un signal fort de l’engagement des autorités de transition à respecter les délais et à avancer vers une restauration de l’ordre constitutionnel. L’UA se tiendrait prête à accompagner le Gabon dans ce processus, en veillant à ce que les réformes entreprises soient inclusives et transparentes, afin de garantir une sortie de crise pacifique et durable.

A l'issue de cette rencontre, Moussa Faki Mahamat s’est dit optimiste quant à l’éventuelle réintégration du Gabon au sein de la grande famille de l’Union Africaine.

Vichanie Mamboundou