Gabon - Pénurie de produits meuniers : Et voici la crise du pain !

Par Brandy MAMBOUNDOU / 03 juil 2022 / 0 commentaire(s)
Le pain est devenu une denrée de luxe dans le pays.

Comme on n’en avait pas suffisamment, une crise vient s’ajouter à d’autres. Les prévisions des spécialistes ne sont pas très optimistes, mais il faudrait sérieusement envisager de se passer du pain, denrée essentielle sur les tables des Gabonais. Une crise qui interroge déjà la politique agricole du Gabon, lacunaire ou inexistante dans plusieurs secteurs.

Longues files d’attente, rationnements et même pénuries dans les boulangeries : le pain est devenu une denrée de luxe dans le pays. Le phénomène, qui a pris de court les Gabonais, se vit depuis une semaine, notamment dans la capitale. Jusqu’ici, malgré le ralentissement de la production dans les boulangeries, la fourniture en pain et autres produits meuniers se fait vaille que vaille. Mais on sent monter l’impatience, surtout en cette période de vacances scolaires qui voit les enfants privés de leurs « galettes au beurre ou au chocolat ».

Les raisons de cette « insécurité alimentaire » proviennent des chamboulements causés par le conflit russo-ukrainien. C’est du moins l’explication la plus répandue, dans les médias occidentaux en l’occurrence. Car, dans le détail des pays, la réalité est à nuancer puisque la vulnérabilité diffère d’un pays à l’autre. Par exemple, même si sa farine de blé provient à 100% de ses importations, le Gabon ne se fournit ni en Russie ni en Ukraine, contrairement à son voisin le Congo. De même, si au Maroc chaque habitant consomme en moyenne 300 kilogrammes de blé par an, les Gabonais en consomment 70 kilogrammes, selon le ministère de l’Agriculture des États-Unis.

Selon les mêmes statistiques, les réserves de notre pays seraient très faibles, ce qui exposerait le Gabon à une crise alimentaire liée à la pénurie que l’on vit. Ainsi, la Smag – principal producteur de produits meuniers dans notre pays – aurait considérablement diminué sa production. Ses clients privilégiés, réunis au sein du syndicat des boulangers, ont vu se réduire les quantités de farine qu’elle leur livrait. Résultat, non seulement les boulangers et autres boutiquiers ne peuvent plus satisfaire les populations, mais ils sont obligés de rationner le pain, en n’en vendant pas pour plus de 1000 Fcfa. 

Dans Akanda où les habitants déambulent de boulangerie en boulangerie pour acheter suffisamment de pains, les commerçants expliquent qu’ils doivent s’adapter à la hausse du prix du sac de farine, passé de 20 à 26.000 Fcfa. Une augmentation qui vient rétrécir encore plus les marges des ménages, déjà en butte à l’inflation qui touche les produits alimentaires comme l’huile, la volaille ou les conserves. Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore proposé de plan pour faire face à la crise du pain. Comme toujours, il devra parer au plus pressé pour faire oublier que sa politique d’importation intensive des produits alimentaires doit être abandonnée.

Elzo MVOULA

Article du 3 juillet 2022 - 2:19pm
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