Visiblement, n’ayant plus la main sur rien, tous ses efforts consistent à démontrer qu’il est dans une forme olympique, le chef de l’Etat sera face à ses compatriotes. C’est donc moins ce qu’il dit qui va l’intéresser, que son aptitude à parler. Or parler, c’est ce qu’il fait depuis (presque) quatorze ans… laissant le pays sombrer dans la décadence et ses compatriotes vivre dans des conditions indignes d’un pays pétrolier. 

Comme la tradition républicaine l’a institué, le président de la République va prononcer un discours ce soir. On laissera la curiosité de côté pour savoir s’il est enregistré ou s’il est en direct. Ali Bongo, puisque c’est lui qui occupe la fonction présidentielle, va s’adresser aux Gabonais ce soir à 20h. Mais que peut-il (encore) dire à ses « chers compatriotes » presque quatorze ans après sa prise de pouvoir ? 

A deux ans de 2025, point d’orgue de l’émergence, le pays sombre de toutes parts. Même la nature qui naguère était généreuse semble montrer des signes de nervosité. Eboulements de terre ici et là, légers tremblements de terre récemment, inondations … la nature parle et elle contredit ce que prône Ali Bongo sur l’émergence en 2025. L’eau, une denrée précieuse, manque dans les robinets. Le chemin de fer est aujourd’hui coupé, et que dire de la route ? C’est le sempiternel problème. Sans route, point d’émergence. Et Ali Bongo le sait.

Côté humain, la situation des retraités suffit à résumer le climat social au Gabon. Tous les plans de relance de ci ou d’accélération de ça n’ont point réalisé leurs promesses. Et pourtant, Ali Bongo parle, parle, parle, « reparle » et toujours dans l’irrationnelle autosatisfaction. Plus grave, la banalisation de la souffrance des autres est manifeste chez celui qui n’a, la main sur le cœur, cessé de jurer : « je ne serai heureux que lorsque chaque Gabonais sera heureux ».

Au constat de la réalité, Ali Bongo est assurément le chef de l’Etat le plus malheureux du monde entier. D’autant plus que, disons-le comme ça, plus de 80 % de ses compatriotes souffrent le martyre. A l’exemple des familles des exilés politiques ou des victimes de la brutalité de l’Etat qui ne savent à quel saint se vouer pour retrouver une vie normale.

Alors, que peut-il dire ce soir qu’il n’ait déjà dit et qu’il n’ait jamais réalisé ? Avec un taux d’autosatisfaction « stratosphérique » (Dixit Mvourandjiami à Leconi), Ali Bongo croit avoir tout réalisé, sa parole est scannée par les Gabonais à l’aune de la faiblesse de ses actions à la tête du Gabon.

Dess Bombe