Grève dans l’enseignement supérieur « Une rentrée universitaire dans ces conditions est vouée à l'échec »

Par Nicolas NDONG ESSONO / 18 jan 2022 / 0 commentaire(s)
le président du Snec-UOB

Ainsi parle le Pr Mathurin Ovono Ébè, président du Snec-UOB dans l’interview, ci-après. Et cela, au moment où le temple du savoir connaît une situation de plus en plus tumultueuse de son existence, rythmée par des grèves à répétition. Faudrait-il désespérer de l’UOB ? Lecture !

Gabonclic.info : Reprise de la grève, menaces de la tutelle… où en êtes-vous exactement après une semaine de grève ?

Mathurin Ovono Ébè : Je tiens dans un premier temps à vous remercier pour l’intérêt que vous accordez au Syndicat national des enseignants-chercheurs en général et à la section de l’Université Omar Bongo en particulier. D’entrée, j'aimerais vous dire que le lundi 10 janvier 2022, on n’a fait que relancer la grève. C'est une grève qui a été déclenchée le 14 juin 2021. Il faut comprendre que du 14 juin 2021 au 10 janvier 2022, nous sommes en grève depuis (7) sept mois. Où en sommes-nous ? Entre la tutelle et nous, jusqu'à présent, il n'y a aucun contact. La tutelle n'a jamais ouvert les négociations depuis le lundi 10 janvier.

Pour le moment, on se regarde en chien de faïence. La tutelle menace de son côté et le Snec mène sa grève de l'autre côté tout bonnement, sans problème. Nous voulons simplement rappeler que c'est nous qui sommes en grève et c'est à la tutelle de désamorcer cette grève. Nous ne pouvons pas rentrer en grève et chercher nous-mêmes à la désamorcer. Si la tutelle n'ouvre pas le dialogue, la grève ne sera pas désamorcée. La preuve : ce lundi 17 janvier 2022, nous tenons une assemblée générale devant le portail de l'Université pour évaluer justement les avancées. Lesquels d’ailleurs ?

Alors que vous lancez votre grève, la tutelle appelle à une rentrée universitaire. Que pouvez-vous dire devant cette décision ?

le Pr Mathurin Ovono Ébè

Il faut dire à ce niveau que chacun joue sa partition. La tutelle a un calendrier administratif à respecter. Ce n'est pas nous qui décidons d'une rentrée universitaire. C'est du ressort de la tutelle. C'est normal que la tutelle appelle à une rentrée universitaire. Mais nous pensons qu'une rentrée universitaire dans ces conditions est vouée à l'échec. Pour le moment, qu'est-ce qui se passe ? L’université Omar Bongo lance la compagne d’inscription des nouveaux bacheliers cette semaine. Campagne d'inscription rime avec début des cours. Nous, on ne s'oppose pas à leur appel en ce qui concerne la rentrée universitaire.

Tout simplement qu'administrativement parlant, il y aura rentrée. Mais, pédagogiquement, est-ce qu'il y aura rentrée universitaire ? Et nous savons quelles sont les raisons sous-jacentes à ces inscriptions. L’université a besoin d’argent, et les 35000 FCFA des inscriptions constituent une manne financière assez considérable. La motivation de, ces derniers est beaucoup plus financière que pédagogique. Ils savent très bien que si la situation administrative des enseignants n’est pas réglée totalement, cette rentrée n'aura pas lieu.

Peut-être un mot à l'endroit des plus hautes autorités et à vos collègues qui ne semblent pas comprendre le bien-fondé de cette lutte.

Aux plus hautes autorités de l'État, le Snec demande simplement de régulariser les situations administratives, d’arrimer la pension retraite au nouveau système de rémunération, de reverser nos collègues des grandes écoles qui ont été recrutés dans l'enseignement supérieur à l'éducation nationale. Au niveau de la régularisation de nos situations financières, il faut payer tous nos rappels. Au niveau des capacités d'accueil, il faut les augmenter. Nous ne pouvons plus supporter de voir, de recevoir 25000, voire 30000 étudiants dans des structures qui ne sont faites que pour en accueillir 5 000. Après, lorsqu'on a fait tout ça, on obtient la paix sociale.

À l'endroit de nos collègues, je dirais qu'ils savent le bien-fondé de la grève actuelle. Tous les collègues sont concernés par les différents maux qui minent l'enseignement supérieur. S'ils ne sont pas totalement engagés dans la grève, ils doivent certainement avoir leurs raisons. Nous n'allons faire sortir aucun collègue des salles de classe. Nous n'allons pas faire le gendarme. Même si c'est ce que voudraient les plus hautes autorités pour envoyer les forces de l'ordre sur le campus. L'engagement syndical est personnel. Les revendications sont collectives. Et tout le monde sait qu'au bout du compte, les revendications finissent par aboutir et profite toujours à tout le monde. Nous n'avons rien à dire à nos collègues si ce n'est de les sensibiliser en leur disant : seule la mobilisation nous conduit à de grandes victoires. Je vous remercie.

Article du 18 janvier 2022 - 1:56pm
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