Guinée Conakry : Justice pour les victimes des forces de l’ordre

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 mai 2022 / 0 commentaire(s)
L’ancien chef de l’Etat Alpha Condé.

Au moment où le Front national pour la défense de la Constitution poursuit en justice l’ancien chef de l’Etat Alpha Condé, certains hauts responsables des forces de l’ordre sous l’ancien pouvoir vont devoir rendre des comptes devant les tribunaux.

Selon l’hebdomadaire panafricain « Jeune Afrique », le procureur général de Conakry a instruit au procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn d’engager des poursuites sans délai contre l’ex-président guinéen Alpha Condé et contre d’anciens responsables de son régime. Une décision judiciaire prise après la dénonciation du Front national pour la défense de la Constitution.

La répression des forces de l’ordre est intervenue lors d’une manifestation contre la volonté d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat en violation de la Constitution. A l’époque, la Cedeao, l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis et la France avaient condamné ces violences en appelant vainement à un apaisement. Des rapports d’Organisations non gouvernementales avaient établi que des membres de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme avaient subi des arrestations arbitraires.

Les actuelles poursuites contre l’ex-président et des personnalités de son pouvoir marquent un tournant encourageant dans un combat judiciaire mené depuis plusieurs années. En effet, les victimes des exactions attendent que la justice de leur pays agisse, dans l’espoir que ces actions ne demeurent pas impunies et que toute la vérité soit faite.

A noter que les manifestations organisées par l’opposition au troisième mandat avaient été interdites. Les forces de l’ordre avaient alors fait usage excessif, sur ordre, de la force, causant de nombreux morts et blessés parmi la population civile. Il est largement établi que l’Etat guinéen avait violé ses engagements internationaux en matière de protection des droits humains. En octobre 2020, une enquête d’Amnesty international dénonçait la répression des forces de l’ordre lors des manifestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé et dénombrait une cinquantaine de morts en une seule année. En dépit de la gravité des crimes commis, les forces de sécurité n’ont jamais été inquiétées. La classe dirigeante était à l’abri toute poursuite judiciaire, la justice étant tenue en rênes serrées.

La destitution d’Alpha Condé a renouvelé l’espoir que la justice se saisisse des dossiers sur les exactions commises. Selon le Front patriotique pour la défense de la Constitution : « Nous tenons à saluer les efforts fournis par le procureur Alphonse Charles Wright et à lui réaffirmer, en tant que conseils du FNDC, notre soutien dans sa mission. Il est cependant indispensable de conserver la plus grande vigilance et de se garder de tout sentiment euphorique déplacé ainsi que tout blanc-seing ».

La justice guinéenne a désormais rendez-vous avec son histoire et la possibilité de s’ériger en exemple. Du côté de La Haye, on surveille attentivement l’évolution de l’enquête en cours.

Source : Jeune Afrique

Article du 17 mai 2022 - 12:23am
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