Guy Nang Bekale : « Pour mettre fin à cette situation d'accaparement des biens des Gabonais par les étrangers, il faut changer les dirigeants actuels du Gabon, qui font la promotion d'un nouvel esclavage ».

Par Brandy MAMBOUNDOU / 05 mai 2023 / 0 commentaire(s)

 

Ainsi pense ce Gabonais d’origine, de père et de mère, n’ayant aucun pays de rechange, l’homme politique migovéen donne son avis sur le lancinant et dangereux problème d’expropriation des terres des Gabonais par les étrangers, tout en esquissant des pistes de solutions pour mettre un terme à cette situation qui gagne du terrain. Le Premier ministre, Alain Claude Bilie By Nze a tort de négliger le sentiment de frustration générale qui gagne l’âme de la Nation gabonaise. Lecture !

Gabonclic.info. Dans un post largement relayé sur les réseaux sociaux, vous dénoncez l'expropriation des terrains ancestraux des Gabonais par les étrangers. Pouvez-vous expliciter votre pensée ?

Guy Nang Bekale : « L'expropriation des indigènes de leurs biens, dont les terres et les reliques, par les gens venus de l'étranger est vieille, pour ainsi dire, comme le monde. Les conquérants, missionnaires religieux occidentaux et autres l'ont pratiquée dans le passé colonial. C'est la plus ancienne et la plus vile forme de vol et de spoliation d'un peuple. En Afrique, sous le couvert des traités signés entre les colons et les chefs ou les rois africains, pour la plupart analphabètes, d'importantes parties de terres ont été cédées aux étrangers blancs pour de longues périodes. Dans certaines parties du monde, les habitants se sont révoltés et ont engagé de meurtrières luttes pour se libérer de la domination étrangère et pour récupérer leurs biens. L'expropriation des terres se fait par la ruse, l'achat et la violence. Dans l'histoire de l'évolution de l'humanité, trois données ont été à la base des conflits et des guerres ; ce sont : la Terre (sol et sous-sol : mines, pétrole, or, bois, etc.), les hommes dont les femmes (esclavage et passions amoureuses), ...

Actuellement au Gabon, deux problématiques majeures préoccupent les sincères patriotes :

1-la Question nationale, qui est l'affirmation de l'identité gabonaise et la conservation de nos valeurs ancestrales au nombre desquelles nos terres, nos villages, nos forêts, nos rivières...Bref, notre territoire, qui a été délimité, a été et est encore occupé par les colonisateurs.

2- la Question sociale, liée à l'amélioration des cadres et des conditions de vie de nos populations par l'Etat et les entreprises gabonaises.

Comment mettre fin à cette situation qui pourrait conduire à des actes dramatiques, comme dans d'autres pays ?

Pour mettre fin à cette situation d'accaparement des biens des Gabonais par les étrangers, il faut changer les dirigeants actuels du Gabon, qui font la promotion d'un nouvel esclavage ; pour initier une nouvelle gouvernance qui serait à l'opposé de l'actuelle, et que je qualifie de "Gabon d'abord" ou "Préférence nationale patriotique". Les Gabonais doivent se donner les moyens de se défendre quand ils sont face à une agressive injustice qui peut les conduire à la mort. Quand bien même si les juges sont au service du pouvoir exécutif, les Gabonais doivent affirmer leur détermination à protéger leurs patrimoines. Puisque l'Etat semble avoir démissionné de son rôle de protection des citoyens et de leurs biens, la notion d'autodéfense doit guider le Gabonais confronté aux agressions. Quand la justice se transforme en injustice dans les tribunaux, elle est condamnée à se retrouver dans la rue et les quartiers, sous la forme de violence. Il faut créer une association de défense des Patrimoines naturels, culturels, individuels et collectifs gabonais.

Lors de sa déclaration de politique générale, le nouveau Premier ministre avait évoqué la question de la réforme foncière au titre des urgences à résoudre. Le trouvez-vous capable d'une telle révolution ?

La réforme foncière implique la prise d'audacieuses décisions, souvent sensibles et compliquées. Et, elle coince toujours quand il faut la traduire en source de revenus pour le budget de l'Etat, sous la forme de « Taxe foncière sur les propriétés bâties et non bâties ». Le nombre de privilégiés fortunés, membres de l'Etat et de ses institutions, ainsi que leurs riches alliés étrangers qui sont de grands propriétaires fonciers du Gabon, fera indubitablement pression pour que toute réforme foncière au Gabon soit "un pétard mouillé". Non ! Ce n'est pas le Premier ministre actuel qui peut initier une réforme foncière significative et traductrice de vérité, de justice et d'équité. C'est pour toutes ces raisons que les gouvernants actuels s'agrippent au pouvoir, et que les Patriotes recherchent la voie de l'alternance pour accéder au pouvoir.

Entretien réalisé par Elzo Mvoula

Article du 5 mai 2023 - 2:37pm
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