HCR : anticiper avant d’endiguer les violences

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 mar 2022 / 0 commentaire(s)
Prestation de serment de Jean Eyeghe-Ndong.

Favoriser le retour au pays des exilés, contribuer à la gestion rapide des dossiers des prisonniers politiques et à leur élargissement ; tenter de ramener le Gabon à une gestion transparente de ce bien précieux commun … C’est à ces missions… possibles que Michel Essonghé et autres Eyeghe-Ndong sont tenus. Impossible ne devant pas demeurer Gabonais…

Avec la non prise en compte par le gouvernement remanié le 8 mars dernier, de l’important volet en charge de la Réconciliation et de la Cohésion nationales, on peut logiquement supposer qu’il va échoir au HCR (Haut-Commissariat de la République), mis en place deux jours plus tôt, de s’occuper directement de ce dossier sensible, dont la prise en compte est plus que nécessaire pour garantir au pays des lendemains post-électoraux apaisés.

Nous sommes cependant, ici, loin de dire que ceux avec qui Michel Essonghé, Jean Eyeghe Ndong, Marcel Abéké, Eric Dodo Bounguendza, Léon Nzouba, Zéphyrin Rayita ou Raphaël Ntoutoume-Nkoghe vont avoir à discuter, sont des vecteurs d’instabilité pour le pays. Bien au contraire, nous considérons, comme la majorité des Gabonais, que la réintégration de ces compatriotes dans le tissu social ou dans la sphère politique pourrait augurer de lendemains avantageux pour le pays qui se prépare à aller à trois scrutins périlleux et hypothétique l’année prochaine.

Dans un contexte politique tendu, entre autres, par une gestion solitaire du Gabon par Ali Bongo - comme si c’était son bien exclusif – qui, depuis sa prise de pouvoir en 2009, use et abuse d’une logique simple : pour ou contre lui, pas de situation médiane. Conséquence, ne sachant quelle nature de crimes ils ont commis, bon nombre de Gabonais sont considérés comme des parias, réduits à vivre tels des citoyens de seconde zone. Comme si cela ne suffisait pas, la dernière sortie de Jean Ping, les réactions du pouvoir à la suite de ces adresses, ainsi que les dernières décisions partisanes du président Ali Bongo Ondimba – candidat à la présidentielle de 2023 - et du besoin existentiel de sa jeune garde à écarter du jeu politique des hommes et des femmes de grande connaissance des us et coutumes du pays…font froid dans le dos.

Quand on note les éclipses des anciens Premiers ministres et des membres éminents du parti qui fêtaient le week-end dernier ses 54 ans de pouvoir, on ne peut qu’avoir des raisons d’être inquiet sur l’issue apaisée du processus de confiscation du pouvoir, par tous les moyens, que le Bord-de-Mer et Louis, sont en train de mettre en place.

Maintenir le Gabon rassemblé et en paix

Exit Paul Biyoghe Mba, Julien Nkoghe Bekale, Richard Auguste Onouviet ou Angélique Ngoma. Place à des inconnus… Pour l’inconnu ? Nous pouvions nous en inquiéter s’il n’y avait pas eu dernièrement cette structure, appelée à assister le chef ; et surtout l’aider à maintenir le Gabon rassemblé et en paix.

En plaçant à la tête du HCR un homme de grande pondération comme Michel Essonghé, Ali Bongo Ondimba a sans doute visé juste, si ses intentions sont véritablement d’apaiser le pays et de le prémunir des affres des violences répétitives infligées au pays après chaque élection organisée sans véritable concertation préalable comme en 2016. Le pouvoir PDG préférant le fait accompli, après coup, de la forfaiture électorale, pour tenter de légitimer une conservation du pouvoir, confisqué depuis plus d’un demi-siècle, par la force de toutes sortes de violences, et la malice d’institutions calibrées aux normes voulues et tenues aux ordres, pour s’imposer.

C’est le lieu de rappeler ici, afin que nul n’en ignore, que ceux qui comme Jean Ping, ont craché sur le préalable des discussions et du dialogue posé par un Jean-François Ntoutoume Emane avant l’élection présidentielle de 2016, continuent à se mordre les doigts.

La marmite qui continue à bouillir

Sans règles du jeu clairement préétablies et adaptés aux errements constatés dans le passé, l’opposition à Ali Bongo, modérée fût-elle, n’a aucune espèce de chance de goûter à la plénitude du pouvoir d’Etat. Mais le couvercle mis sur la marmite qui continue à bouillir, même si on y ajoute ponctuellement de la glace, risque de finir par sauter et brûler les cuisiniers.

Le chef de l’Etat, que personne n’a obligé à mettre en place, et la nouvelle structure, et d’y placer ces personnalités aguerries de notre espace politique ; doit la laisser travailler librement et avec tous les moyens nécessaires afin de produire les résultats de paix durable dont le paisible peuple gabonais a besoin, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest.

Pour avoir travaillé avec les uns et observé les autres depuis la présidence de la République dont il est la bibliothèque, Michel Essonghé n’irait pas en terrain inconnu dans cette quête d’apaisement avec des personnalités exilées comme Jean-Pierre Lemboumba Lépandou, Alfred Nguia Banda, Alfred Mabika Mouyama, Séraphin Moundounga, Charles Mba…afin de convenir avec eux des modalités de leur retour au Pays.

Les uns étant libres de renouer éventuellement avec Ali Bongo et son PDG, les autres pouvant choisir d’exercer, dans le respect des lois et des autorités en place, dans d’autres structures partisanes alliées ou non du pouvoir.

Mais le plus extraordinaire à réaliser serait pour Michel Essonghé et le HCR, de mettre face à face Ali Bongo Ondimba et Jean Ping. Pour que les deux hommes dessinent ensemble, avec la contribution ou non de la communauté internationale, l’avenir du Gabon en 2023.

Un pays que nous espérons alors exsangue des prisonniers politiques et d’opinion, et solidifié par les contributions de toutes ses filles et de tous ses fils unis dans la Concorde et la Fraternité.

Elzo MVOULA

Article du 17 mars 2022 - 12:14am
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