Insécurité : Le président du Snec-UOB porte plainte pour enlèvement et tortures.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 02 juil 2021 / 0 commentaire(s)
Le président du Snec-UOB, le Pr Mathurin Ovono Ebe, a déposé une plainte à la PJ.

Afin de donner la bonne information à la communauté universitaire (collègues et étudiants) et à l’opinion nationale qui en a eu vent, le président de la section UOB (Université Omar Bongo) du Syndicat national des enseignants-chercheurs (Snec), le Pr Mathurin Ovono Ebe, a animé ce 2 juillet à l’UOB une conférence de presse au sujet de l’enlèvement et des tortures dont il a été victime dans la nuit du 28 au 29 juin. Pour que les exécutants, qui étaient encagoulés, et les commanditaires soient débusqués, il a annoncé avoir porté plainte contre X à la police judiciaire. La démarche lui permettra par la même occasion d’obtenir réparation.

Le Pr Ovono Ebe a d'abord expliqué son supplice tout au long du trajet. Bien que décidé à continuer son combat de syndicaliste pour une université gabonaise compétitive, l’enseignant est visiblement marqué par la mésaventure. Il a été menotté et un homme le bloquait, pour empêcher tout mouvement. Il a dit avoir été ensuite interrogé dans une pièce assez luxueuse.

« A la question « qui est derrière vous ? », j'ai répondu mes étudiants et mes collègues. Il a répété sa question et je lui ai donné la même réponse. Il a fait un tour. Ensuite, il est revenu. Il a dit : « Vous me traînez en bourrique ? Je vous demande, vous travaillez pour qui ? » J'ai répondu que je travaille pour l'Etat gabonais. Vous travaillez pour un gouvernement à la con qui ne vous satisfait pas ? J'ai dit oui. » L’enseignant a précisé que l’interrogatoire était musclé et qu’il a été mis dans une position inconfortable. Il a subi en tout trois séries de questions où il était à califourchon et les mains dans le dos.

A la fin du calvaire, le président du Snec-UOB a été relâché au PK 14. « Ils m'ont fait descendre et m’ont demandé de me mettre à genoux. Je me suis mis à genoux. J'entends le bruit d'un maniement de l'arme. Évidemment, je me suis dit c'est la fin. Il me plante l'arme à la tempe et me dit : « Nous savons où vous habitez, nous savons tous les points où vous vous arrêtez pour vous rendre à l'université, nous savons aussi tous les points où vous vous arrêtez lorsque vous partez de l'université pour rentrer chez vous. Nous connaissons même la position du lit de votre chambre. Les gens qui travaillent avec vous sont avec nous », a rapporté l’enseignant.

A l’effet d’obtenir une renonciation à son engagement syndical, les bourreaux de Mathurin Ondo Ebe ont fait planer des menaces sur sa famille. « Nous savons où vos enfants apprennent. Vous aimez votre famille ? Vous aimez la vie ? Parce que si vous recommencez, la façon dont on vous a pris, on peut le refaire. On peut même vous faire disparaître. » C’est le discours que les hommes encagoulés lui ont tenu avant de lui rendre la liberté de ses mouvements. Grâce à trois jeunes qui traînaient dans la zone, l’enseignant a pu appeler sa femme, qui est venue le chercher avec son petit frère. Ses deux téléphones ont été mis hors d’usage.

S’il apprécie grandement le soutien de ses collègues, le professeur de littérature espagnole au département des études ibériques déplore le silence de ses supérieurs hiérarchiques. « Les seuls appels que j'ai reçus de l'université proviennent de mon directeur de département. Jusqu'ici, je n'ai eu aucun appel du doyen, aucun appel du réacteur, aucun appel du ministre. Donc je n'ai aucun soutien de la hiérarchie », a confié le Pr Ovono Ebe.

Au contraire, l'affaire semble être banalisée. Le président du Snec-UOB aurait appris qu’il s'agit d'un règlement de comptes entre collègues. Il aurait eu une aventure avec la femme de l'un de ses collègues. « Alors que j'attends un soutien moral venant de la hiérarchie, qu'est-ce que j'entends, le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur qui appelle le président pour lui dire qu'il ne faut pas dramatiser la chose, que c'est une affaire privée ».

Le président du Snec-UOB a conclu sa conférence de presse en réaffirmant sa volonté de sacrifier une année académique pour pouvoir revenir à la normale par rapport au calendrier universitaire qui est assez chamboulé.   

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 2 juillet 2021 - 7:00pm
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