Jean Boniface Assélé : « Les Fang sont des Gabonais, ils sont même très brillants ».
Vendredi dernier, il est un peu plus de 12 h. A Michel Marine – un site où la Jet-set, amoureuse des bateaux de plaisance et autres sensations fortes, se retrouve les week-ends pour prendre la mer - le fondateur et patron du Cercle des libéraux réformateurs (CLR) nous reçoit pour évoquer les questions de l’heure qui fâchent. Notamment la rétention du passeport de l’exilé en France Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, l’ancien coordinateur général des Affaires présidentielles sous Omar Bongo Ondimba et surtout l’un des soutiens actifs de Jean Ping, les accusations irresponsables de Max Anicet Koumba contre les Fang, et la tension qui prévaut au sein du CLR, managé désormais par sa fille, Nicole Assélé. Sur tous ces sujets, l’homme politique sans langue de bois. Lecture !
Gabonclic.info. M. Assélé, plusieurs Gabonais, aujourd’hui dépités, disent que le pays est bloqué, qu’en pensez-vous ?
Jean Boniface Assélé : Toutes les institutions de la République sont en place ; cette République existe. Le pays n’est donc pas bloqué. Maintenant, si vous me dites que l’administration du Gabon fonctionne mal, je dirai oui. Personne n’est venu nous attaquer ici. Donc, notre pays existe bel et bien dans le concert des nations. La question aujourd’hui est donc simple : comment faire pour que notre administration fonctionne bien ? C’est un débat d’ensemble, qui ne concerne pas seulement Monsieur Assélé et son parti. Même s’il faut reconnaître aussi qu’en démocratie, les partis servent à aider le gouvernement à mieux gérer notre pays.
… si vous me dites que l’administration du Gabon fonctionne mal, je dirai oui..
Aujourd’hui, il y a des grèves ici et là. Le désespoir se lit presque sur tous les visages. Comment sortir de la situation actuelle ?
Pour sortir de cette situation, il faut d’abord considérer qu’il y a un Etat-Nation, qui a des règles que l’on doit faire respecter pour vivre en cohésion. Malheureusement, la situation actuelle découle du fait que l’autorité de l’Etat s’est effondrée. Voilà d’où est parti le désordre. Nous sommes comme dans un champ de maïs, où tout le monde est barbu. Moi, en tant que chef de ma famille, mes enfants me respectent parce que j’incarne l’autorité. Je suis le chef de ma famille et on me le reconnaît. Battons-nous pour restaurer l’autorité de l’Etat.
Autrefois, plusieurs citoyens étaient souvent victimes de rétention de leurs passeports. En 2021, comprenez-vous, en tant qu’ancien général de la police nationale et ancien chef du Cedoc, que Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, un ancien haut dignitaire de ce pays, soit aujourd’hui privé de son passeport ?
(L’air grave !) Jean-Pierre Lemboumba Lepandou a été mon condisciple de classe, en même temps c’est un frère. Il est allé en France. Donc, en ce qui concerne, Jean-Pierre Lemboumba est un citoyen libre. On ne doit pas retenir son passeport, c’est son bien. D’abord, qu’a-t-il fait pour qu’on retienne ce passeport ? Parce que pour retenir le passeport de quelqu’un, il faut qu’il y ait une raison, qu’il soit accusé de quelque chose. C’est comme moi. Si quelqu’un vient me dire que j’ai volé, je lui réponds que je suis toujours candidat aux différentes élections, dans mon dossier de candidature, je dois présenter un casier judiciaire. Si j’ai volé, je ne peux avoir un casier judiciaire vierge. Donc, je crois que Jean-Pierre, que je connais très bien, doit rentrer au pays. Il doit revenir inculquer aux jeunes les connaissances qui sont les siennes et l’expérience qu’il a acquise. Il a été ministre des Finances. Et quel genre de ministre de Finances !!! « Coffre-fort », comme on l’appelait. Je suis resté ici au pays pour me battre contre des « invisibles », qui ont une capacité de nuisance très élevée. C’est pourquoi, je profite de vos colonnes pour dire à Jean-Pierre de revenir. Pourquoi est-il parti ? A ma connaissance, il n’a été accusé de rien. Il occupait un poste, je pense qu’il ne l’a pas aimé et il est parti. Mais ce n’est pas pour autant qu’il doit rester en France. Dans mon cas, je suis aujourd’hui un chômeur, mais je m’occupe très bien, je me bats comme tout le monde. Jean-Pierre doit rentrer, comme tous les autres.