Journée nationale du vôdou annulée à Port-Gentil : histoire lointaine aux conséquences actuelles

Par Brandy MAMBOUNDOU / 25 jan 2022 / 0 commentaire(s)
Le festival des masques vodou devrait avoir lieu à Port-Gentil.

Programmées puis annulées, les activités que voulait organiser l’association Igbale Adegboro de la communauté béninoise dans l’Ogooué-Maritime ont provoqué un tollé général. Laissant libre cours à un déchainement de passions révélateur d’un sentiment de frustrations…

Le 11 janvier dernier, le consul honoraire du Bénin à Port-Gentil annonçait l’organisation dans la capitale économique du Gabon, du 15 au 16 janvier 2022, par l’association Igbale Adegboro (Groupe Egoungouns), de plusieurs activités liées à la journée nationale du vôdou ; notamment la circulation des masques. Il n’en fallait pas plus pour susciter l’ire des Gabonais sur les réseaux sociaux. Et par la suite, à cause ou grâce à cette levée de boucliers, ces manifestations ont été purement et simplement annulées.

Du coup, selon certains observateurs, le choix des dates de l’organisation de cette manifestation est loin d’être anodin. Dimanche 16 janvier 1977- dimanche 16 janvier 2022 ! Le 16 janvier, en effet, de triste mémoire, rappelle un fait douloureux de l’histoire entre le Gabon et le Bénin. Ce 16 janvier 1977 là, aux premières lueurs du jour, un avion en provenance du Gabon vient de déposer plusieurs mercenaires sur le tarmac de l’aéroport de Cotonou, au Bénin. C’est là le début de l’« Opération crevette » contre le président marxiste-léniniste Mathieu Kérékou, qui fit plusieurs morts et échoua grâce, dit-on, à l’alerte donnée par un opérateur radio d’origine béninoise qui officiait à l’époque à la Garde présidentielle.

Si le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Togo, y compris la France, sont eux aussi accusés d’avoir armé la main de Bob Denard et ses hommes, le Gabon en paiera le lourd tribut de cette rocambolesque affaire. Cette année-là, plusieurs Béninois sont dépossédés de leurs biens à Libreville et Port-Gentil. D’autres chassés comme des malpropres du Gabon. Dès lors, a commencé une relation ambiguë entre ces deux pays, avec notamment la prégnance des descendants de l'ancien Royaume du Dahomey sur la marche du Gabon.

Dans cette veine, Samuel Dossou, qualifié de ministre béninois du pétrole gabonais, à l’époque de feu Omar Bongo, est devenu multi milliardaire grâce au fruit du sous-sol du pays de Léon Mba. Il géra (au propre comme au figuré) l’or gabonais. Avec au bout du compte l’affaire Elf dans laquelle plusieurs dirigeants africains dont Omar Bongo et Français furent éclaboussés. Aujourd’hui, rien ni personne ne sait avec exactitude le montant total des fonds distraits par lui et ses réseaux qui auraient pu servir au bonheur des Gabonais. Tout ce que l’on sait, disent plusieurs citoyens gabonais, c’est qu’à cause de la naïveté volontaire de Bongo père et de son refus de promouvoir l’un de ses compatriotes pour gérer le pétrole gabonais, Samuel Dossou développe son Bénin natal grâce à l’argent gabonais. Il n’y a pas d’autres explications à l’origine de sa fortune. Là, c’était à l’époque de Bongo père.

Comme si cela ne suffisait pas, lui, Maixent Accrombessi, l’ex-conseiller financier du ministre de la Défense, Ali Bongo, chef de l’Etat devenu après le décès de son père, transféra, c’est le moins que l’on puisse dire, littéralement ses attributions entre les mains de son directeur de cabinet. Faisant de lui « le président béninois de la République gabonaise », comme il était qualifié par ses nombreux détracteurs. Il fallait, à son époque, avoir un problème avec le successeur et héritier d’Omar Bongo qu’avec lui. Là aussi, il se dit ici et là qu’il a amassé une fortune colossale en appauvrissant et en humiliant les Gabonais. Aujourd’hui, ses investissements au Bénin donnent une autre tonalité à l’interrogation du président du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), Germain Nguema Ella « qu’ont fait les Gabonais pour mériter pareils dirigeants » ? Lesquels, à travers ces deux exemples, n’ont aucune considération pour les Gabonais de souche ; préférant promouvoir et donner des moyens à ceux qui ont un autre pays de rechange. 

Pour sûr, s’il n’existe aucun problème béninois au Gabon, cette terre étant celle de paix et d’accueil de tous ceux qui désirent y vivre, personne ne devrait poser des actes de nature à heurter le sentiment patriotique.

Dess BOMBE

Article du 25 janvier 2022 - 11:12pm
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