Justice : BLA, de la gloire à la déchéance.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 12 mai 2021 / 0 commentaire(s)
Me Moumbembe fâché de voir son client BLA méprisé par la justice.

Ce 11 mai, le palais de Justice de Libreville a connu une affluence des grands jours. Certes, celui-ci n’a rien à voir avec les procès des années 1980, celui de Moubandjo ou celui des militants du Mouvement de redressement national (Morena), mais il y avait surtout un dispositif très théâtralisé : une très forte présence militaire, des agents armés et encagoulés dans la salle d’audience.

Normal ! Le prévenu du jour est tout sauf n’importe qui. Nommé directeur de cabinet du président de la République en 2017, Brice Laccruche Alihanga (BLA), jusqu’à sa chute en 2019, était considéré comme l'homme fort de la politique gabonaise depuis l'accident vasculaire cérébral (AVC) du président Ali Bongo en octobre 2018. Durant cette période, selon plusieurs observateurs, il a « fait » le Gabon à son image : du gouvernement aux hautes fonctions administratives, militaires et politiques…, tout ou presque portait son empreinte ou celle de ses protégés, les « BLA-boys ».

Signe des temps, pour la première fois, en juin 2019, un ministère de la Justice et l’Intérieur est créé. Il échoit à… Anicet Mboumbou Miyakou, qui est le seul ministre d’Etat dans le gouvernement. La puissance de BLA est passée par là. A presque 38 ans, le directeur de cabinet voit les choses en grand et « conçoit » à sa façon la conduite des affaires publiques. Ici et là, les Gabonais dénoncent ses méthodes de gouvernance brutales. Le Gabon devient davantage « une zone de faits divers » où la justice spectacle abonde dans les journaux télévisés et les médias acquis à « la cause ».

Question : en ce temps-là, le système judiciaire pouvait-il « oser » froisser BLA ? Forcément, l’un des bras droits au gouvernement de l’époque, Mboumbou Miyakou fils, s’y serait opposé. Aujourd’hui, les choses ont changé. Du fond de sa cellule, « le messager intime » d’Ali Bongo est désormais seul face à son destin. Et la moralité de son procès se résume à ces propos tenus ce 11 mai par l’un de ses avocats, Me Jean-Paul Moumbembé : « BLA, quand il était directeur de cabinet du président de la République, nous étions tous sous ses ordres et au garde à vous. Il faut le respecter. Regardez comment mon client est habillé avec son costume col Mao mais froissé. Il n’a pas eu le temps de le repasser. Parce qu’il était vite conduit au tribunal… »

Ainsi va la vie ici-bas. Lorsque Dieu vous ouvre une fenêtre de pouvoir – c’est-à-dire tenir les autres par la main et les faire grandir –, il faut user et abuser de bonté, de respect des principes, de culture de l’Etat de droit et de la démocratie. Car, personne, à moins d’être un devin, ne connaît son avenir. Et rien ne dit que les années à venir, les bourreaux de BLA aujourd’hui ne se retrouveront pas à s’expliquer devant la même justice au nom de laquelle ils violentaient leurs compatriotes.

Hier au sommet de sa gloire en qualité de directeur de cabinet d’Ali Bongo, aujourd’hui BLA est presque « méprisé » par les mêmes qui lui faisaient allégeance. Comme quoi, rien ici-bas n’est… éternel et ce qui se passe actuellement peut se reproduire demain au détriment de l’un des tenants du pouvoir.

 

Brandy MAMBOUNDOU

 

Article du 12 mai 2021 - 3:28pm
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