Victime de l’opération anti-corruption Mamba – qui s’avère au final être un flop –, le conseiller financier de l’ancien tout- puissant ministre Magloire Ngambia, en liberté, est toujours au pénitencier de Gros-Bouquet. Alors même que bon nombre de ses camarades d’infortune ont quitté cet endroit lugubre et circulent librement au Gabon et à l’étranger.

En janvier 2017, une opération anti-corruption baptisée « Mamba » a envoyé en prison des ministres et de hauts fonctionnaires, notamment Magloire Ngambia (ancien ministre de l’Economie), Etienne Dieudonné Ngoubou (ancien ministre du Pétrole), Paul Mapessi, Landry Patrick Oyaya, Grégoire Biyama, Léon Ndong Nteme, Alain Paul Ndjoubi Ossami… et Christian Nkero-Capito. A la suite « des pirouettes judiciaires », une à une, plusieurs personnes incarcérées ont été relâchées. Dans ce lot, le dernier en date est Magloire Ngambia. L’ancien « ministre du ciel et de la terre » (Economie, Infrastructures, Transports et Tourisme) a été libéré le 24 septembre 2020, après avoir été reconnu coupable de « détournement de fonds publics ». Problème, son homme à tout faire de l’époque, Christian Nkero-Capitho, est toujours à Gros-Bouquet. Or, lui, Magloire Ngambia, son chef direct, celui de qui il dépendait, est désormais libre.

Coupable des faits qui lui étaient reprochés par la justice, Magloire Ngambia a-t-il été libéré parce qu’il est du Haut-Ogooué, parent ayant trahi la confiance d’Ali Bongo, ou bien parce qu’il a payé sa dette vis-à-vis du chef de l’Etat ou bien vis-à-vis de la société ? Pourquoi alors Christian Nkero -Capitho, du Moyen-Ogooué, ne peut-il pas, lui aussi, bénéficier du même dispositif pour être libre ? Vu qu’il agissait sous les ordres de son chef direct, Magloire Ngambia ? Comment le chef affronte-t-il le regard des enfants de son ancien collaborateur qui, sans parler, lui demandent ce que leur père est devenu ?

Du coup, maintenir, sans jugement, même factice, Christian Nkero-Capitho en prison, après avoir libéré Magloire Ngambia, c’est finalement confirmer la dangereuse existence de deux Républiques : celle des Ngambia et apparentés, qui peuvent commettre des impairs et facilement s’extraire du circuit judiciaire, et celle des Christian Nkero-Capitho et les laisser pour compte, dépourvus « de longs bras », dont la seule possibilité offerte par la République est de subir.

Voilà qui nourrit la haine contre « la province qui a le pouvoir ». A-t-on vraiment besoin de « ça » pour un Etat-Nation en construction ?

Brandy MAMBOUNDOU