Justice/En hibernation depuis quelque temps : Le Synamag donne à nouveau de la voix

Par Brandy MAMBOUNDOU / 12 oct 2021 / 0 commentaire(s)
Germain-Nguema-Ella, le président du Synamag.

Au détour d’une sortie fracassante le 1er octobre dernier, suivie d’une interview chez nos confrères en ligne info241, Germain Nguema Ella, président de ce syndicat, a dénoncé les décisions « grises » rendues ces derniers temps par la Justice gabonaise et déploré les conditions de vie et de travail du magistrat au Gabon.

Tel un bateau ivre que rien, ni personne ne sait où il va se fracasser, le Gabon inquiète plus d’une personne. Certains de ses citoyens ont abdiqué et préfèrent s’en remettre à la providence. Tandis que d’autres, malgré la sinistrose ambiante, continuent de donner de la voix.

C’est le cas de Germain Nguema Ella, président du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) qui, le 1er octobre dernier, a fait une déclaration à la presse pour évoquer la situation de la magistrature au Gabon.

« Le peuple gabonais, a-t-il dit, a besoin d’une justice qui peut, par nos décisions, lui rendre ses routes volées ; ses logements détournés ; son eau et son électricité bloquées dans les comptes bancaires logés dans les paradis fiscaux ; ses immeubles construits avec les deniers publics mais appartenant à des privés, qui en profitent en les faisant louer à nos administrations. Le peuple gabonais a besoin d’une justice qui le protège et le répare (…). La justice est le dernier rempart des institutions et, donc, de la société. »

Cette sortie, intervenue après la tenue du Conseil supérieur de la magistrature présidée le 10 septembre dernier par le président de la République, exhumait les problèmes auxquels font face les hommes en toge. Et Germain Nguema Ella d’inviter ses collègues à ne « pas continuer à réclamer et clamer notre indépendance avec des décisions aussi iniques et préjudiciables pour notre société (…). Le peuple gabonais a besoin de certitudes lorsqu’il saisit la justice de son pays (…) Il a besoin d’être rassuré quant à la qualité et la crédibilité des décisions prises par sa justice. »

Interpellant ses pairs, le président du Synamag souligne que « lorsque les faits ne sont pas établis, l’accusé doit tout simplement être acquitté. » Ce qui, aujourd’hui, est loin d’être le cas et beaucoup de Gabonais se plaignent de cette situation. D’autant plus que « les décisions grises qui sont rendues par notre justice ces derniers temps sont aux antipodes d’une justice indépendante », constate ce magistrat de carrière. Ce qui crée, soulignera-t-il, « une jurisprudence négative et ternissent l’image de notre pays ».

Du coup, dans une interview publiée chez nos confrères de Info241, le 09 octobre dernier, Germain Nguema Ella estime qu’«il faut mettre le magistrat gabonais à l’abri du besoin. » Entre le manque de moyens de transport et d’exercice de son métier, l’état vétuste des bâtiments et d’autres en construction, mais dont les travaux ont été abandonnés, le délaissement par l’Etat…le magistrat ne sait plus où mettre la tête. Ce qui met l’Homme en toge devant une situation de fragilité face à l’intention de se laisser corrompre.

Justement, à ce propos, si Francis Nkéa Ndzigue, à l’époque ministre de la Justice, révélait que « les magistrats sont corrompus », l’opinion n’en pense pas moins. Il suffit d’observer les constructions dans le Gabon pour se rendre compte que les magistrats détiennent le parc mobilier le plus luxueux dans ce pays.

C’est pourquoi, bon nombre d’observateurs espéraient que Gilbert Ngoulakia, le juge des juges, nommé en qualité de président du secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature, change ces pratiques déviantes dénoncées par tout le monde. Mais même-là, dans les couloirs du Palais de justice de Libreville, on note que « quelqu’un (Gilbert Ngoulakia, Ndlr) qui a piétiné pendant 30 ans la loi, ne peut redresser la justice, sauf s’il devient brusquement un génie à plus de 65 ans. ».

Au reste, dans les milieux judiciaires, certaines voix s’élèvent pour dénoncer « l’attitude ambiguë » du Synamag, qui se résume désormais au président Germain Nguema Ella et au vice-président Justin Loundou. D’autant plus que « le bureau a été renouvelé par une élection en catimini qui n'intéressait plus grand monde en début d'année 2020. Il comprend 9 membres dont la moitié, au moins, a des accointances avec les hauts lieux, en commençant par le vice-président Loundou, désormais président de la Chambre provinciale des comptes de Port-Gentil », confiait hier à « L’Aube » un des membres de ce syndicat.

Dans tous les cas, vertueux Synamag ou pas, la justice gabonaise fait peur à tout le monde, y compris aux magistrats eux-mêmes. C’est donc un fléau sociétal à combattre pour le bien de tous !

Dess BOMBE

Article du 12 octobre 2021 - 3:23pm
Article vu "en cours dév"

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