Le dernier coup de sifflet

Par Brandy MAMBOUNDOU / 26 juin 2022 / 0 commentaire(s)

 

Quand certains artistes choisissent tant les couleurs que les titres pour leurs œuvres, l'observation rapprochée ressortirait que l'inspiration associée repose absolument sur des faits vécus ou subis.

Papa Wemba le défunt pape de la rumba congolaise aura ainsi chanté le dernier coup de sifflet, un titre qui peut absolument réveiller en chacun le souvenir de ce qu'on a entendu, vu ou fait pour la dernière fois quelque part, peut-être avec quelqu'un, soit en amitié, en amour, ou en conflit.

Dans le réel ou le visible, le dernier coup de sifflet peut intervenir dans une gare quand le train siffle, ou quand le chef de gare siffle pour autoriser le départ. Ça peut être des moments tristes quand debout sur le quai de la gare, tout le monde maboko ya likolo c'est-à-dire les mains en l'air pour dire au revoir.

Au revoir, on le dit même à l'occasion des grandes tristesses à l'église ou au cimetière. C'est un espoir de se revoir après le dernier coup de sifflet qui parfois est remplacé par la cloche de l'église, pour un dernier voyage. Le voyage, le départ, la séparation dans un temps infini.

Dans les stades, que ce soit dans la jungle d'Engong à Oyem, les marécages d'Akanda ou le billard de Santiago Bernabéu à Madrid, il y a toujours un dernier coup de sifflet pour mettre un terme à une rencontre de football, c'est-à-dire la fin de la partie.

Ici se manifestent également des grandes émotions conduisant parfois à l'agitation sociale, des troubles politiques ou diplomatiques.

La faute n'est pourtant pas au dernier coup de sifflet qui n'est qu'une étape prévue dans le déroulé d'une procédure, pour passer aux évaluations et au bilan.

Cependant, il y a en l'homme un système de refus qui agit spontanément contre tout ce qui n'est pas bon pour lui comme l'échec, la défaite, l'humiliation, la déchirure... que certains n'arrivent pas à imaginer et qui à l'échéance brutale sonnent comme la trahison.

Dans ces moments là, on semble reprendre en chœur une chanson de mon enfance disant :

"Personne ne me dira plus je t'aime,

Ça me fait si mal mais pense à moi quand même,

Il n'y a rien de plus beau qu'un sentiment secret dans ces moments là"

Cette défaite mal acceptée va parfois jusqu'à mettre en mal les vies d'autrui, car dans leurs différents engagements, nombreux sont ceux qui hommes ou femmes n'ont pas en projet le dernier coup de sifflet. Pourquoi y penser quand comme dernièrement entendu à l'hôtel de ville de Libreville " je te quitterai quand Gabosep viendra m'enlever à tes côtés" ?

Ici, c'est le ruisseau de l'amour qui coule sur la roche.

Toutefois, dès qu'un accident arrive dans une vie, il devient très risqué de compter sur une embarcation rafistolée avec des sachets brasés aux allumettes. La survie dans ces moments là pourrait bien reposer sur un radeau bien rassemblé et tenu par un gros fil de fer.

Du coup, en dépit du temps et des engagements, autant accepter le dernier coup de sifflet qui du côté positif est une porte ouverte sur les nouveaux défis en amour, en affaires, en politique...

Ainsi, tout ce qui dans la vie se présente comme une menace tuante peut in fine n'être qu'une balèze opportunité d'élévation.

Alors, quand retentit le dernier coup de sifflet, au lieu de le garder sur le cœur et dans les oreilles en mémoire morte, il faut garder la tête froide comme recommandé par les autorités qatari aux visiteurs quant aux rapports sexuels hors mariage pendant la coupe du monde au risque de faire la prison.

Or la prison n'est pas que dans les quatre murs pourris sans lumière ni aération ni nourriture et eau, c'est aussi l'ancrage dans un mauvais passé qui ne rapportera plus rien dans la vie, votre vie dont l'une des solutions est l'oubli.

Car, ce qui est fait est fait.

Corneille Ollomo Ekoga

 

Article du 26 juin 2022 - 12:38pm
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